Pierre-Edouard Stérin, le patriotisme et le catholicisme sont-ils solubles dans le libéralisme ? Par F-X Rochette [RIVAROL]

Qui est Pierre-Edouard Stérin, nouveau mécène des droitards ?

Article de François-Xavier Rochette, publié dans RIVAROL n°3668 du 2 juillet 2025

Le slogan « Pas d’ennemi à droite » est certainement l’un des plus dangereux qui soit pour le camp nationaliste. Car la « droite » qui est en réalité, depuis des décennies, un déguisement du libéralisme philosophique et économique se cherche toujours un Cheval de Troie, surtout lorsqu’il est lié de surcroît à des officines sionistes.

Le libéralisme dit philosophique, les multiples expériences de l’histoire le démontrant, est toujours une énorme arnaque pour ceux, se croyant plus malin que l’empire de l’argent, espérant renverser le rapport de force en noyautant les organisations de ce navire libéral.

Enfin faut-il encore, d’emblée, rappeler que le libéralisme constitue une profonde entourloupe pour les nations qui se trouvent, sous son joug, à la merci de tous les prédateurs cosmopolites désireux de piller leurs richesses (main d’oeuvre comprise) et d’anémier leurs populations pour en faire des tas de tarés aux identités multiples, tout à la fois travailleuses comme des fourmis et consommatrices comme des cigales s’abrutissant pour déstresser.

Pierre-Édouard Stérin libéralisme droite bolloré

Les premiers spécialistes de sociologie urbaine, véritables anthropologues des sociétés libérales, avaient observé ce paradoxe sans distinguer l’aspect dissociatif des personnalités qu’ils étudiaient. Mais ils avaient remarqué ce dérèglement de l’esprit humain au sein des sphères libérales où l’éthique protestante dégrossie par Max Weber incite ses tenants à s’enrichir sans frein non précisément pour
leur salut, mais pour prouver et se prouver à eux-mêmes, par leur réussite exclusivement matérielle, qu’ils ont été élus par Dieu (telle est la doctrine de la prédestination).

Pierre-Édouard Stérin libéralisme droite bolloré

Cette volonté constante de chercher un signe de leur élection, qui doit être malgré tout visible socialement car il doit être exemplaire et permet la considération de la communauté, a eu pour conséquence principale d’accroître l’importance de l’enrichissement et de relativiser toujours plus la rigueur morale, plus discrète, moins ostentatoire.

Il découla de ce dérèglement de l’esprit le développement de cette névrose axée autour de la nécessaire et impérieuse réussite économique. Un calvinisme et ses dérivés idéologiques qui incitèrent non seulement ses tenants mais aussi tous ceux cohabitant à leur contact à chercher la voie la plus rapide vers la réussite financière. Le boum, d’abord américain, des activités spéculatrices et du boursicoutage à grande échelle s’explique dans une certaine mesure par cette légitimation pseudo-morale.

Pierre-Édouard Stérin libéralisme droite

Mais ce que nous montre la sociologie, c’est que cette activité de faiseur d’argent est compensée par une sorte de décompression de fin de semaine pendant laquelle les traders s’oublient dans des orgies, la cocaïne et le jeu des casinos. Aujourd’hui faut-il ajouter dans le domaine des orgies : la spécificité du chemsex et des marathons sadomasochistes.

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C’est ainsi. Dans ces milieux où l’on porte la chemise blanche immaculée et le menton glabre, on tient à sa réputation. Dès le lundi matin, on se graisse la face d’un baume régénérant, on retrouve ses formules de politesse en même temps que le monde des fourmis, et on fait de l’argent.

Pierre-Edouard Stérin, un libéralisme moral ?

Il existe cependant toujours des exceptions et l’on trouve parmi les faiseurs d’or des entrepreneurs qui réussissent sans écraser les autres, en respectant des principes moraux qu’ils considèrent comme indépassables. Cette minorité incarne une mouvance hétérogène et fluctuante qu’il faudrait définir comme libérale et conservatrice.

Elle se structure aujourd’hui, très artificiellement, principalement grâce aux millions déversés par deux milliardaires : Vincent Bolloré et Pierre-Edouard Stérin. Le premier est célèbre. Magnat de l’industrie, de la distribution de gaz et de pétrole, il est connu du grand public pour son empire médiatique, depuis son rachat de Vivendi notamment (Canal+, Cnews). Bolloré se présente comme catholique, libéral et patriote. Libéral pour ses affaires, c’est certain. Il est peut-être catholique dans son cœur ; je suis incapable de le sonder. Quant au patriotisme qu’il affiche et qu’il entend promouvoir dans ses media (Cnews, Europe 1, Le JDD), il ressemble à un gros appât pour attrape-nigauds.

Après avoir donné une visibilité quasi quotidienne à Eric Zemmour, après avoir entretenu Hanouna (toujours sur Europe 1), cette chaîne a invité l’équipe de Causeur sur son plateau, en particulier l’insupportable gueularde Elisabeth Lévy et la conteuse de fables Céline Pina récompensée pour les saloperies qu’elle déblatère à la chaîne.

« Une bombe qui explose tuera sans doute des enfants, mais ces enfants ne mourront pas en ayant l’impression que l’humanité a trahi tout ce qu’ils étaient en droit d’attendre », a affirmé l’éditorialiste Céline Pina, en évoquant les enfants palestiniens.

Via son projet « Périclès », le « catholique » Pierre-Edouard Stérin subventionne l’association Viv(r)e la République de Céline Pina, d’après un article du site Politis.

Cnews qui propose des débats entre Goldnadel et Julien Dray et qui ne constituent pas particulièrement des exercices philosophiques de maïeutique des plus poussés…

Pierre-Édouard Stérin libéralisme droite bolloré

Après tout, Vincent Bolloré, possédant certainement de stupéfiantes qualités professionnelles, n’est cependant pas un self made man.

Apprenti à la banque Edmond de Rothschild, le petit-fils de Nicole Goldschmidt fut un proche d’Antoine Bernheim (fils du sioniste Léonce Bernheim), grand banquier, faiseur d’or… et de milliardaires. Sans la grande banque, et ses prêts et conseils, il n’est pas sûr que monsieur Bolloré aurait pu bâtir l’empire qu’il dirige aujourd’hui. Mais Bernheim et la grande banque ont-ils fabriqué Bolloré pour la seule beauté du geste ? Ou attendaient-ils de sa part une attitude particulière, une action spécifique, un engagement favorable à l’accomplissement d’un plan ? En tout cas, on ne peut dire que l’homme ait trahi la passion de Goldschmidt et de Bernheim.

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Bolloré étant un peu grillé, cramé, après toutes ces longues années de propagande sioniste devenue caricaturale avec la surexposition des médiocres Christine Kelly, machin Bossuet, le Goldnadel, l’affreuse Pina, la gueularde Elisabeth, Zemmour plus gaulois que Brennos, et le très catholique Morandini, il fallait trouver un nouveau mécène, un super philanthrope qui aime trop la France, un riche plus altruiste encore que Saint-Nicolas.

Ainsi est devenue une vedette de la sphère du « conservatisme » libéral l’homme d’affaire Pierre-Edouard Stérin, fulgurant milliardaire qui devrait tout à ses petits bras musclés.

Pierre-Édouard Stérin libéralisme droite bolloré

Derrière la réussite de Pierre-Edouard Stérin

Stérin est l’homme derrière la prolifération de la SmartBox, ces fameux coffrets cadeaux que l’on trouve dans les FNAC et grandes surfaces et que les gens achètent pour l’anniversaire d’un tiers parce qu’ils ne savent pas quoi lui offrir. Tiens tu iras dans le restaurant ou l’hôtel de ton choix avec ton partenaire du moment. Un don qui fait plaisir au récipiendaire, ou pas puisqu’on estime que 5 à 10% des packs achetés ne sont jamais « ouverts » par leurs bénéficiaires. Ce gaspillage considérable engendre une partie non négligeable des bénéfices de l’entreprise, et explique un peu son succès, par voie de conséquence l’enrichissement rapide de Pierre-Edouard Stérin.

Cet homme, qui ne met pas sa catholicité dans la poche, est aussi, si l’on en croit la presse amie ou ennemie, un super patriote, un amoureux de la France comme on n’en fait plus. Las, l’homme qui veut devenir un Saint, selon ses propres dires, s’est carapaté en Belgique au début des années 2010 quand ses affaires devenaient extrêmement lucratives. Quant à son entreprise ultra patriotique, elle est aujourd’hui domiciliée en Irlande.

Son partenaire en affaire, un certain Arnaud Montebourg (qui a fait un long apprentissage dans le cabinet de l’abominable Thierry Lévy, avant d’être cornaqué par le suprême initié Vincent Peillon), arrogant politicard qui s’est reconverti dans le business (après avoir fait un stage au sein de l’école très très américanophile INSEAD), est devenu, lui aussi, subitement, un super patriote qui fait pâlir de jalousie l’équipe de RIVAROL.

Pierre-Édouard Stérin libéralisme droite bolloré

Devenu porte-voix du Made in France après une carrière au sein de la gauche maçonnique la plus concentrée et la plus cosmopolite qui soit, l’ancien concubin d’une journaliste à tête de pet, s’est mis à chanter à tue-tête l’aube venue de la démondialisation. Après une transition opérée avec ses marinières et avec le miel, le copain de Lévy et Peillon a pris la main de l’auto-diagnostiqué autiste Stérin (ça ne s’invente pas) pour faire de l’argent, avec l’entreprise Alfeor, en rachetant des sous-traitants de l’industrie du nucléaire français.

Leur but patriotique : rassembler les PME pour optimiser la production au service de l’énergie atomique. Monsieur Stérin qui a participé à cette entreprise avec son gros argent a-t-il été séduit par le néo-patriotisme de Montebourg ou par le flair hors pair de ce dernier si compétent pour renifler les
grandes politiques économiques étatiques à venir ?

Même s’il réside en Belgique pour une raison peu patriotique, Stérin doit être considéré comme un super patriote puisqu’il a acheté la villa de Le Pen au profit de ses héritiers. Un patriote milliardaire. On n’avait pas vu cela depuis Lambert le cimentier. La pompe est réamorcée pour la familia grande.

Bon, Pierre-Edouard Stérin est méga riche, pardon giga riche puisqu’il est milliardaire, en Belgique et en Irlande, répétons-le. Je vais être franc. Je comprends bien que les impôts en France sont actuellement écrasants pour les riches. Mais la TVA l’est encore bien plus pour les plus pauvres, en particulier pour les petits Français ne pouvant pas s’exiler pour fuir cette matraque fiscale.

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François Durvye

Mais voilà, les millionnaires et milliardaires qui ont fui la France, non par peur de perdre leur tête dans un panier mais une partie de leur récolte, ne font, pour la plupart d’entre eux, pas de politique, et surtout ne se revendiquent pas comme des patriotes ou des moines soldats. Stérin qui vise la sainteté et qui conseille le RN par l’entremise de son fidèle salarié, son bras droit dit-on, François Durvye, fait de la politique, et promet sa fortune à la France dans son évasion fiscale. Je ne sais pas si Stérin est autiste comme il le prétend lui- même, mais il est, à n’en point douter, incohérent.

D’ailleurs le très cosmopolite Montebourg a fait comprendre à Stérin que son exil fiscal ne devait pas
s’éterniser s’il voulait rester crédible aux yeux des petits Français patriotes. Il a dit y réfléchir mais, pour l’instant, le milliardaire n’a pas franchi la frontière. En attendant, l’argent balancé par les Français pour ses coffrets ne retombe pas beaucoup en Gaule. Je conçois qu’on puisse être effrayé par le fisc français, je le redis. Mais quand un homme veut devenir un saint, sa morsure ne devrait pas l’effrayer. Même la décapitation n’effraie pas le candidat à la sanctification. Alors l’impôt… Je peux comprendre Stérin, qui est un nouveau riche et qui tient à son magot fraîchement obtenu.

Je comprends moins son ambition religieuse.

Un don avant le renfort de l’oligarchie

Stérin affirme qu’il doit tout à un don de 5000 euros de ses parents en 2003. Ce serait grâce à ce modeste chèque qu’il aurait mis le pied à l’étrier avant de faire galoper son entreprise. L’histoire est autre.

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Arnaud de Puyfontaine

Si Stérin a fait affaire avec le Flamand Philippe Deneef, l’inventeur du concept de la SmartBox, sa fortune ne vient pas de là. Stérin a en effet pu bénéficier de l’appui de puissants gestionnaires dont Arnaud de Puyfontaine (par coïncidence, aujourd’hui, PDG de Vivendi), membre du Siècle, ancien élève de l’INSEAD, pour se lancer dans l’aventure.

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Alessandro Benetton

Mieux, Stérin a pu bénéficier de l’argent de 21 Central Partners, un fonds d’investissement contrôlé par Alessandro Benetton, l’héritier de la famille Benetton célèbre pour son textile et ses publicités antiracistes et pornographiques, mais aussi pour sa gestion calamiteuse de ses ponts (dont l’un en s’écroulant causa la mort de dizaines d’Italiens), et pour ses 900 000 hectares en Patagonie (une propriété qui a provoqué la furie des indigènes).

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Le Pont de Gênes, un des grands succès du Groupe Benetton

Les 5000 euros de ses parents ne sont rien si on les compare aux millions prêtés par les investisseurs quelques années plus tard. Stérin était-il prédestiné à faire la culbute ? Ou a-t-il eu une chance phénoménale ? Ses partenaires lui ont vendu leurs parts juste avant que la grosse banque lui prête des millions pour développer son affaire en France et lui garantissent ainsi le succès.

Je me demande simplement ici si le super catholique Stérin n’a pas été fabriqué par la Banque comme le fut, avant lui, Vincent Bolloré. Fabriqué pour investir le domaine politique et pour altérer, encore, le corps patriotique avec cette idéologie libérale.

Sommet des Libertés ou du libéralisme ?

libéralisme droite bolloré

Le 24 juin dernier fut organisé le Sommet des libertés. Je ne sais s’il s’agissait du sommet des libertés ou du libéralisme (ce qui n’est pas la même chose) mais c’était un petit événement organisé par Vincent Bolloré (via Le JDD) et Pierre- Edouard Stérin (via son association Périclès) au Casino de Paris, salle de concerts appartenant au premier.

Les vedettes de la soirée : Eric Ciotti, Jordan Bardella, Marion Maréchal et l’ubiquiste Sarah Knafo qui fut acclamée par l’assistance, alors que la petite-fille de Jean-Marie Le Pen fut huée par ce même public malgré son récent déplacement à Tel Aviv.

La soirée était ainsi présentée comme un débat sur le libéralisme. « Dans un pays rongé par la dette, la norme, le contrôle et l’infantilisation des citoyens, ce sommet marque le retour de l’idée libérale dans le débat public », annonçaient les organisateurs. La présence d’essayistes libéraux et de l’ersatz de philosophe Luc Ferry en disait long en effet sur l’ADN politique de cette entreprise.

Le rassemblement de la droite, mais pour quel ; programme ?

Si Le numéro deux de M. Stérin, François Durvye, à la tête de son fonds d’investissement Otium Capital était, selon les informations du Monde (21 juillet 2024), l’un des trois principaux rédacteurs du programme de Jordan Bardella pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024, Stérin lui-même se disait alors, en 2024, proche de Laurent Wauquiez. Mais aujourd’hui c’est Bruno Retailleau qui serait tombé amoureux de Stérin.

Pierre-Edouard Stérin se présente comme catholique et émet souvent des opinions saines sur les sujets sociétaux. Mais il se présente également comme une personne influente prête à former mille personnes hautement qualifiées pour servir prochainement, espère-t-il, une droite de convictions au pouvoir. Nous voyons bien qu’il a une influence toute naturelle dans le domaine économique et que le RN se montre désormais bien pusillanime dans sa lutte contre les réformes sur les retraites. Nous ne pouvons malheureusement en dire de même pour le volet sociétal à l’heure où le RN appuie toutes ses révolutions et qui a validé récemment la sanctuarisation de l’avortement industriel.

François-Xavier Rochette.

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