Révélations sur l’Affaire Dreyfus : les liens du Commandant Esterhazy avec Edouard Drumont et les Rothschild, par François-Xavier Rochette

Article publié à l’origine dans le journal Rivarol où vous pouvez lire chaque semaine les écrits de François-Xavier Rochette.

Et si la retentissante Affaire Dreyfus n’avait été qu’une psyop destinée à faire monter le sentiment d’antisémitisme parmi les israélites français et du monde entier, en vue de l’avancement d’un agenda occulte des sionistes ayant pour but l’annexion de la Palestine, de nos jours occupée ?

Il y a 100 ans mourait Esterhazy, l’insaisissable « traître »

Esterhazy Barrès Drumont Rotschild Rochette
Le méchant Esterhazy

L’année 2023, nous le savons tous, correspond au centenaire de la mort de l’écrivain du Culte du moi et de la Revanche, Maurice Barrès. Ce que beaucoup ignorent cependant est qu’elle correspond également aux 100 ans du trépas d’une autre figure de l’histoire contemporaine de la France, d’un personnage certes moins connu que le patriote de Charmes, celui d’un autre acteur de l’Affaire Dreyfus bien plus important ou décisif que le Prince de la jeunesse, le très très trouble, le très mystérieux, Ferdinand Walsin Esterhazy.

Car si Maurice Barrès a pu commenter, d’une manière un peu caricaturale et sous l’empire du nouveau racisme qu’il avait emprunté à Jules Soury, pour le journal La Cocarde qu’il dirigeait alors, les commencements de l’affaire Dreyfus, l’officier Ferdinand Walsin Esterhazy (que l’on appelait communément et simplement Esterhazy rappelant en cela Moriarty, l’une des figures des intrigues de Conan Doyle), fut un élément majeur du feuilleton dreyfusien jusqu’à son « dénouement », jusqu’à son dernier épisode.

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Le gentil Dreyfus

Non un commentateur, non un observateur, non un pamphlétaire exalté par le tournant pris par cette histoire, mais, peut-être davantage qu’un acteur, un agent ayant participé à cette intrigue. Le récit de la Grande Affaire qui aurait pu être écrit par un romancier rompu à l’art du suspens et à la psychologie de ses contemporains, le récit officiel plus précisément, apporte en effet qu’elle contint deux personnages principaux : d’un côté, le bon, le gentil, la victime innocente, le persécuté, le bouc émissaire à la fin réhabilité, le capitaine Alfred Dreyfus, le gentil Dreyfus, le bourgeois juif attaqué par la haine, la haine incarnée par des tas de petits êtres rabougris. De l’autre côté, le crapuleux, à la fois léger et conspirateur, le méchant, le très misérable antisémite à la tête de vieil hibou, Ferdinand Walsin Esterhazy !

Esterhazy le pleurnicheur, Esterhazy le terrible, Esterhazy la crapule, Esterhazy le traître, Esterhazy le super antisémite, Esterhazy l’antithèse absolue du gentil et vaillant capitaine Dreyfus. Ce dernier incarnant l’innocence, la victime de la méchanceté du peuple français enraciné, et symbolisant en définitive, et c’est bien ce qui importe dans cette histoire, et c’est bien ce qui aura été mis en évidence dans ce scénario, l’inéluctable, l’inévitable, l’irrémédiable intranquillité des Israélites de France, et même de ceux qui avaient abandonné complètement le judaïsme ainsi que sa culture.

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Le feuilleton Dreyfus

Contrairement à ce qu’affirme l’histoire officielle, on ne connaît pas la ou les causes véritables de l’Affaire Dreyfus, un scandale qui dura 12 ans et qui s’estompa par la survenue d’autres scandales, d’autres tourments, d’autres révélations, d’autres réformes qui n’en finirent pas de diviser et d’affaiblir la nation française. Pensons d’abord aux conséquences de la loi de séparation des Eglises(le catholicisme, l’Eglise, étant visés) et de l’Etat et à l’Affaire des fiches. En revanche, si l’on ne peut connaître convenablement les causes plus ou moins occultes de l’Affaire Dreyfus, on observe clairement ses conséquences sur les court, moyen et long termes en France, et bien au-delà de la France.

Les conséquences immédiates de l’Affaire

Maurras fut le champion de l’analyse des conséquences de l’Affaire. Loin de taper comme un sourd sur Alfred Dreyfus, il observait durant de longs mois et de longues années les dégâts provoqués par ce tragique feuilleton.

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Charles Maurras

Revenant sur l’affaire Dreyfus en 1930 dans l’Action française, Charles Maurras écrit :

« Je ne veux pas rentrer dans le vieux débat, innocent ou coupable. Mon premier avis là-dessus avait été que, si Dreyfus était innocent, il fallait le nommer maréchal de France, mais fusiller une douzaine de ses principaux défenseurs pour le triple tort qu’ils faisaient à la France, à la paix et à la raison ».

Le Martégal visait toutes les cohortes dreyfusardes. Bien évidemment, ses condisciples de la sphère intellectuelle, les penseurs protestants (quasi-unanimement dreyfusards) comme les Monod, les Francs-maçons également, les représentants politiques, certains membres de la communauté israélite qui se précipitèrent sur l’occasion pour modeler en son sein un nouvel état d’esprit, mais aussi et surtout, à une époque où l’on ne parlait que de revanche militaire sur l’ogre allemand, certains officiers de la Grande Muette (devenue excessivement volubile).

En effet, l’Affaire n’allait pas seulement labourer en profondeur l’opinion du pays, n’allait pas seulement modifier certaines idéologies, n’allait pas uniquement favoriser le parti des individus et de l’anarchie, mais aussi, allait entraîner immédiatement la désorganisation de l’Armée et des grands ministères, les paralyser littéralement (Pensons à Fachoda en 1898).

Et ses conséquences profondes

Mais le scandale a été organisé, peut-être orchestré. C’est le soupçon que l’on peut légitimement cultiver devant la guerre éclaire qui fut menée, dès 1894, contre l’Armée et contre la France antisémite, la France rance, la France moisie, diraient plus tard les héritiers du dreyfusianisme ou de la révolution dreyfusienne.

Ce sont en premier lieu, comme je le disais plus haut, les Monod, les Clémenceau, les Zola, avant Jaurès qui n’étaient pas du complot originel (il se rangea du côté dreyfusard après avoir senti que la gauche prolétarienne ne se revendiquera plus de ce qu’on peut appeler l’antijudaïsme économique- qui désignait la haute banque et nommément les Rothschild et leurs cousins des affaires comme des tricheurs, des profiteurs, des pilleurs, des conspirateurs qui manigançaient au détriment des petites gens- la fabrication toute récente de l’antisémitisme -pardéfinition racialiste- condamnant dans son ensemble, aux yeux des humanistes de la Ligue des Droits de l’Homme toute forme d’antijudaïsme par amalgame) mais qui l’alimenta ensuite par son ralliement à la cause de Dreyfus, les Lucien Herr, les Léon Blum, la famille Dreyfus dans toute son étendue, mais aussi une nouvelle engeance sioniste d’une redoutable efficacité qui déclenchèrent via leursinnombrables journaux et livres cette révolution dreyfusienne.

Cette agitation des plumitifs constituait la première étape de cette révolution qui provoqua des effets paradoxaux sur le pays. D’une part, l’Armée fut nettoyée progressivement et d’une manière toujours plus dure de ses éléments droits, intransigeants, incorruptibles, souvent catholiques (je ne parle pas ici des Catholiques de façade, de ces « catholiques » utilisant la religion de leurs ancêtres pour camoufler une très réelle et très virulente activité maçonnique) au profit d’officiers plus dociles, plus en phase avec le nouveau pouvoir républicain, maçonnique, philosémite au service de la haute banque.

D’autre part, cette interminable affaire Dreyfus alimentait la nouvelle presse antisémite, mais surtout donnait le sentiment, de plus en plus vif, aux Israélites, et aux fils d’Israélites qui avaient abandonné religion et esprit communautaire, qu’ils ne seront jamais accepté, toléré par la vieille France, même sous un régime républicain triomphant !

Et c’est ce discours qui fut d’emblée diffusé par les hérauts du sionisme qui profitèrent de la crise pour faire une apparition fracassante sur la scène politique et intellectuelle en France. Parmi ces nouveaux chantres du sionisme, Theodor Herzl lui-même, présent à Paris pendant le déclenchement de l’Affaire qui en tira une leçon et une conclusion immédiate : les Juifs n’ont pas leur place en Europe à cause d’un antisémitisme consubstantiel à son peuple.

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“Les juifs européens doivent subir une mort et une souffrance telles, que, à la fin de la guerre, les puissances victorieuses puissent se mettre d’accord sur la nécessité de la création d’un « État Juif […] Les antisémites seront nos meilleurs alliés ». Extrait des cahiers de Théodore Herzl (1860-1904)

La preuve, ne cessait-il alors d’écrire et de déclarer, la preuve avec cette France pourtant républicaine par excellence qui fut le terreau de l’horrible injustice commise contre le formidable patriote Alfred Dreyfus ! Dès lors, postula-t-il, une seule solution pour les Juifs (qu’il n’appelait pas Israélites mais bel et bien Juifs), une seule solution raisonnable, digne et sécuritaire pour les Juifs : la création d’une nation juive en Palestine. Tout le reste n’était plus, désormais, pour lui, que littérature.

La prolongation de l’Affaire Dreyfus, la condamnation du capitaine, sa déportation sur l’Ile du Diable au large de la Guyane, malgré les protestations des Dreyfusards, allait permettre au parti sioniste de convaincre de nouveaux Israélites à devenir d’abord juifs, d’abord membres d’un groupe uni par des origines communes et uni par un vif sentiment de solidarité communautaire, et reliés par cet espoir commun d’émigrer vers la Palestine ou de participer à la création de l’Etat juif (pour parler comme Theodor Herzl).

Antisémitisme, sionisme, la poule et l’oeuf

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“J’ai eu une idée formidable : attirer des antisémites honnêtes et les inciter à détruire les propriétés juives”. Extrait du Journal de Théodor Herzl, 1896.

Chose curieuse, Theodor Herzl appréciait, selon ses propres dires, l’antisémite Edouard Drumont, qu’il avait rencontré à plusieurs reprises dans les salons littéraires de Paris. Il ne pensait pas seulement que le travail de l’auteur de La France Juive alimentait, par réaction de certains Israélites, le développement du sionisme, non, il l’appréciait sincèrement et le considérait d’abord comme un
« artiste ».

Paris était un petit milieu à la fin du XIXème siècle. Edouard Drumont, qui n’était pas un fils de prolétaire, comme d’aucuns aiment le dire, mais était issu d’une famille qui comptait en République. Il avait fait toutes ses études secondaires au lycée Bonaparte (aujourd’hui lycée Condorcet) et fréquentait depuis ses 15 ans, au sein de cet établissement où se mélangeaient les rejetons de la grande bourgeoisie israélite et protestante, les futurs grands argentiers du pays, Alphonse et Edmond de Rothschild, mais aussi un certain Ferdinand Walsin Esterhazy.

Il est possible que les quatre-là ne se soient jamais perdus de vue. Drumont devint très tardivement ce qu’on appelle un antisémite. Cette conversion reste d’ailleurs à ce jour inexpliquée. Cet historien de formation, au solide carnet d’adresses, travailla longuement et pour un salaire très confortable pour le journal des Pereire, La Liberté. (La famille Pereire milliardaire que l’on disait concurrente des Rothschild mais qui travaillait en réalité avec ces derniers pour développer de grandes affaires dans l’industrie et le ferroviaire. Cette association est factuelle, contrairement à l’antagonisme mythique entre les deux dynasties. Antagonisme fictif d’autant plus stupide que ce sont les Rothschild qui ont aidé les frères Pereire au début de leur aventure industrielle).

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C’est encore le futur antisémite de La Libre Parole qui composa les oraisons funèbres d’Émile Pereire — qu’il compare à Napoléon I — et de son frère Isaac. Il quitte La Liberté en 1886, pour devenir soudainement antisémite, en publiant, la même année, son gros livre La France Juive.

Pour Drumont, la question juive est d’abord une question raciale, et c’est sous le prisme de la race qu’il faudrait comprendre la psychologie juive, la sociologie juive, les réseaux économiques juifs, les idées politiques juives. Tout. D’où vient, bon sang, cette volonté de racialiser la question judaïque ?

Objectivement la communauté israélite n’est pas ethniquement homogène. D’après l’histoire certifiée conforme, Drumont avait été incité à écrire cette somme, La France juive, par Stanislas du Lac qui l’aurait également financé.

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Le prêtre Jésuite Stanislas du Lac

Chose certaine, ce sont bien les écrits de Drumont et leur profusion (aussi bien en terme de lignes écrites qu’en terme de vente-mais a-t-il réellement vendu un million de sa France Juive jusqu’en 1917 ? Ou bien l’exagération de son succès servait-elle la légende de la menace antisémite, une menace hyperbolique agitée au bénéfice du lancement du sionisme européen?) qui ont donné un certain crédit aux accusations des défenseurs très bruyants de Dreyfus selon lesquelles l’injustice subie par le capitaine n’était que la conséquence de cet antisémitisme, de ce racisme.

Evidemment, il fallait un succès fulgurant des écrits de Drumont pour que l’on puisse penser que l’antisémitisme nouveau ait pu produire en moins de huit ans tous ses effets… Peut-être les ont-ils produits, peut-être pas.

L’incroyable parcours d’Esterhazy

Ferdinand Walsin Esterhazy a connu, lui aussi, jusqu’à un âge tardif, une carrière qui ne se caractérisait par aucune forme d’antisémitisme. A l’instar de Drumont, il fréquentait, alors lycéen, Edmond de Rothschild (qui devint le plus formidable mécène sioniste de l’histoire en achetant des milliers d’hectares de terres en Palestine ; son effigie illustre aujourd’hui les billets de 500 shekels).

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Esterhazy, mort il y a un siècle, était un personnage tout aussi mystérieux qu’Edouard Drumont. En s’engageant dans l’Armée où il connût une belle carrière (jusqu’à l’Affaire) malgré ses échecs dans les concours pour entrer dans les grandes écoles militaires, il fit connaissance avec celui qui deviendra son meilleur ami, Maurice Weil dont le frère aîné était le représentant de la banque Rothschild pour l’Europe du sud.

Maurice-Henri Weil dont le nom apparaît dans deux affaires d’espionnage de la fin du XIXe siècle, dont l’affaire Dreyfus.

Esterhazy connaissait également très bien le grand Rabbin de l’époque, le très
célèbre Zadoc Kahn.

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Caricature antisémite et antimaçonnique mettant en scène Zadoc Kahn, d’après Le Sacre de Napoléon, paru en 1903 dans le journal La Bastille

C’est par l’intermédiaire de ce dernier que l’officier Esterhazy (qui avait un nom aristocratique et fréquentait, comme Drumont, les grands salons parisiens) était mis en relation avec des personnes israélites qui s’étaient senties outragés par les nouveaux antisémites et qui voulaient défendre leur honneur en les provoquant en duel.

Les duellistes avaient alors besoin nécessairement de témoins pour exercer ainsi leurs droits, des témoins de grande moralité bien sûr. C’est ainsi que l’on sait qu’ Esterhazy fut le témoin de l’officier israélite Crémieu Foa qui se battit en duel, à l’épée, contre… Edouard Drumont (qui l’avait insulté dans La Libre Parole).

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‘Un duel fameux’ entre Arthur MEYER (1844-1924) et Edouard DRUMONT (1844-1917). Caricature de Maurice RADIGUET (1866-1941) pour Assiette au Beurre du 15 octobre 1904.

Esterhazy fréquentait également Drumont, avant d’écrire dans son journal à partir du moment où le général franc-maçon Picquart l’accusa d’être le traître en remplacement d’Alfred Dreyfus. Le traître et méchant Esterhazy était donc antisémite ! Tout s’expliquait !

Sa fuite en Angleterre où il s’installa avant la fin du dix-neuvième siècle confirma aux yeux des Israélites de France l’horrible antisémitisme qui nourrissait les cadres de l’Armée et, d’une manière générale, le peuple français. Dans les années 1900, il accorda une série d’interviews pour le magnat de la presse, et journaliste, Rachel Sassoon (de la famille Sassoon, surnommée les Rothschild de l’Est), cousine par alliance de Caroline de Rothschild.

Dans ces entrevues agrémentées des commentaires de Rachel Sassoon où elle déclarait, au marteau, que la France était un pays antisémite, le super antisémite de l’espace Esterhazy affirma et réaffirma qu’il était le traître de la trop célèbre affaire Dreyfus. Il mourût, deux décennies plus tard, dans son lit et l’opulence.

François-Xavier Rochette.

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