Beltrame, une version qui ne passe pas – FX Rochette

Ce qui importe, selon le général Lecointre, c’est le prix d’une vie capable de se sacrifier pour la France.
Samuel Pruvot.

Etre prêt à mourir pour la France c’est accepter de risquer sa vie en remplissant des missions que fixe le pouvoir politique.
Général Lecointre.

Ubu est roi en Hexagonie, chaque jour le démontre davantage. Alors que la martyre du monde mixé, Anne-Lorraine Schmitt, qui s’était battue jusqu’à la mort face à son ignoble agresseur, a eu droit à une leçon d’immoralité pratique de l’infâme Catherine Millet sans qu’aucune autorité républicaine n’y trouve quelque chose à redire, la justice aliénée vient de condamner, à la vitesse de la lumière, à 8 mois de prison ferme, un homme handicapé et souffrant d’une grave dépression, pour une phrase de quelques mots sur Facebook où il se montra furtivement grossier envers le gendarme Beltrame… L’homme sous médicaments, malade, peut-être alcoolisé, avait pourtant retiré son assertion rapidement mais il était trop tard, il avait blasphémé, il devait payer, les juges l’ont écrasé, sans pitié. Un peu comme si cet homme n’était pas un malheureux, inaudible habituellement, mais le complice de je ne sais quel crime perpétré contre la religion bidon de la conscience universelle. Quoi, au lieu de vénérer le héros évident de la tolérance absolue, super chrétien comme c’est pas possible, symbole du pardon sacrificiel, vous vous signalez par une désinvolture grossière qui nous oblige à vous bâtonner. On va vous soigner, on ne pardonne pas, dépressif va !

Il est vrai que les nouvelles religions ont toujours pour caractéristique de ne pouvoir souffrir le mépris, l’insolence, encore moins l’insulte. Et là, force est de constater que nous avons affaire justement à une nouvelle croyance dont les dignitaires ne tolèrent en leur royaume aucune hérésie, aucun doute, aucune révision. Si nous devions dire un mot sur ce nouveau culte, nous la qualifierons de construction, de bricolage New Age, de fièvre gnostique. Une religion au poil pour le Système, un syncrétisme objectivement absurde mais qui a ou aurait la particularité de nourrir psychologiquement ce que nous pouvons appeler les deux France dans une sorte de réconciliation nationale inespérée.

Héros d’une religion new age

En écoutant Macron, on avait bien l’impression que le pouvoir avait la volonté de procéder au mariage de la carpe et du lapin, bref d’unir dans une synthèse impossible Antigone et Créon. L’officier Beltrame est l’ingrédient principal de cette alchimie. Une matière riche en multiples symboles, d’autant plus riche que les thuriféraires de sa geste héroïque sont aussi, un peu, ses biographes arrangeants… Il est l’eau et l’huile à la fois : Jeanne d’Arc et Anglais, fonctionnaire et libre, fort et doux, Breton et méditerranéen, premier de la classe et téméraire, altruiste mais ambitieux… car son rêve était de finir général. Un héros républicain. Evidemment, nous ne sommes pas des zinzins qui voyons des complots partout. Arnaud Beltrame est bel et bien mort. On ne l’imagine pas une seconde vivre une seconde vie sous une nouvelle identité… Même si nous étions les pires des cyniques, nous ne pourrions l’imaginer : Lui qui voulait être général, qui aimait briller, commander efficacement, ne peut vivre ailleurs comme à la fin de l’histoire d’un banal film d’espionnage.

Nous répétons ici, cependant, que nous n’avons pas les moyens de connaître l’entière vérité sur cet officier et sur les évènements dont il fut finalement le principal acteur. Et nous réitérons nos propos formulés la semaine dernière dans ces colonnes : le discours officiel concernant le sacrifice de Trèbes est bancal. On nous a dépeint Arnaud Beltrame comme un Catholique rigoureux, traditionnel, sans ambiguité. Or, son épouse, Marielle Vandenbunder, fille de Bernard Vandenbunder (chercheur biologiste habitant Marcq-en-Baroeul), est une disciple de la Communauté de l’Emmanuel, membre de cette mouvance que l’on appelle le renouveau charismatique, un courant qui est relativiste en tous points et qui se caractérise avant tout par son œcuménisme frénétique. Généralement les « Charismatiques » détestent les traditionnalistes pour leurs pratiques religieuses d’une part, pour leurs principes d’autres part. Marielle Vandenbunder baignerait dans ces eaux depuis son enfance et elle semble très engagée dans ses milieux depuis son adolescence. A la fin de ses études de vétérinaire, elle passe carrément un an chez les charismatiques de « l’école » de Paray-le-Monial où l’on apprend à aimer l’autre dans un ethnomasochisme sidérant… et un philosémitisme intégral.

Leur grand-frère juif

Elle a gardé depuis le début des années 2000 des liens avec cette communauté qui, en juillet 2016, organisa la session « Découvrir le judaïsme, les chrétiens à l’écoute » à l’initiative de l’amitié judéo-chrétienne, des communautés juives locales et nationales en lien avec la Communauté de l’Emmanuel. Cette dernière, à l’écoute, c’est-à-dire aux ordres, étala ses sentiments de soumission via divers témoignages de ses membres. Lisons celui-ci qui résume bien l’état d’esprit de ces « catholiques » qui vont sauver la France… « Nous avons aussi vécu un moment fort et très émouvant lors de la commémoration de la rafle du Vel d’Hiv, avec le témoignage entre autres d’Yvette Lévi, déportée. Voir participer tant de chrétiens à la prière et le repas de shabbat ont aussi beaucoup marqué les juifs présents, au point que Raphy Marciano, Directeur du centre communautaire de Paris (centre juif) et de l’institut universitaire Elie Wiesel, s’est demandé comment il allait pouvoir raconter cela à son retour. Avant de remarquer, ému : « si cette rencontre avait eu lieu avant la guerre, le cours de l’histoire aurait probablement été changé. » Vous la sentez la culpabilité là ? Marielle Vandenbunder partage-t-elle cette mortification ethnomasochiste ? En tout cas elle a fait preuve, si l’on croit son CV, d’une volonté d’abandon pour l’autre.

Après ses études, elle part à New-York afin de s’investir dans le social et l’aide aux drogués en rejoignant les burlesques Franciscains du Bronx qui jouent entre modernité et apparences archaïques. Mais les histoires de pédomanie des Franciscains du Renouveau avec les déclarations de Benedict Groeschel qui avait lancé quelques années avant son décès que les jeunes draguaient les pédomanes attestent de cette mentalité putride issue des années 70 et de l’idéologie gauchiste de la libération. Marielle Vandenbunder, vétérinaire biologiste, resta officiellement trois ans dans le Bronx. Mais que faisait-elle ? Personne ne le sait véritablement.

Expériences sur animaux…

De retour en France, elle débute tranquillement son métier de vétérinaire en tant que salariée, voyage beaucoup, fait des missions à l’étranger, revient en France, puis devient soudainement responsable vétérinaire du très controversé centre de primatologie de Niederhausbergen (Strasbourg). Responsable d’une structure qui sous prétexte de recherches scientifiques importaient des singes d’Afrique pour ensuite les vendre (et ça rapportait beaucoup) à des laboratoires d’expériences médicales, scientifiques, pharmaceutiques où ils trépassent la plupart du temps. Les Franciscains apprécieront, non ? Marielle part à temps, par hasard, avant la dissolution de l’organisme qui gérait ce centre de primatologie. Elle débarque non loin de Carcassonne car elle a trouvé un emploi de vétérinaire au sein du célèbre parc de Sigean (elle y serait depuis 2014, et pourtant elle signe un article avec l’ingénieur en expérimentations animales de Strasbourg, Romain Lacoste, en 2016, soit deux ans plus tard ! Un délais de publication complètement fantaisiste) où elle soigne les carnivores et notamment les lycaons.

Tout semble bien se passer depuis son installation dans le village de Ferrals dans l’Aude. Sa vie est tranquille, discrète, tellement discrète que personne dans le village n’a aperçu le couple. Personne n’a jamais vu Beltrame, même les seniors qui passent leur temps à observer le dehors et à cancaner entre eux. En compulsant toute la presse, en particulier les journaux locaux, on ne perçoit aucun signe de vie d’Arnaud Beltrame dans les environs. Seuls les témoignages grandiloquents de deux ou trois autorités nous affirment, nous impriment une version des faits conformes au discours officiel. On ressent même la gêne des journalistes locaux devant cette anomalie. Lors de l’enterrement de Beltrame où il aurait vécu, les vieux du village étaient tous là mais personne ne connaissait leur héros. En revanche, ils connaissent Florence Parly, l’actuelle ministre de la Défense qui « avait sa grand-mère à Ferrals et on la voyait de temps en temps quand elle était enfant. » Si le monde est petit, leur république est décidément exigue.

Florence Parly est, pour mémoire, cette femme ignorant tout du monde militaire qui est ministre des armées. Mais elle n’est pas n’importe qui, elle fait partie du Système, elle y est née. Sa propre mère était maçonne, spécialiste des politiques d’éducation, proche des Frères Soisson, Védrine, Chevènement. La petite Florence n’a pas eu de mal à intégrer l’ENA et à obtenir des places de choix comme celle qu’elle occupa à la SNCF moyennant 52 000 euros par mois ! Oui 52 000 euros par mois. L’esprit de sacrifice. Elle travaillait encore récemment chez Edmond de Rothschild (la banque). Enfin, elle y travaille toujours, elle a juste pris du grade comme Macron et tant d’autres…

C’est elle qui a nommé François Lecointre, le général, à la tête des armées. Un homme de gauche plein « d’humanité » (on a compris), ami de Manuel Valls, mais, attention, « patriote, catholique et héros ». Mais, selon Slobodan Despot, « sa réputation se fonde essentiellement sur un fait d’armes du temps où il était capitaine chez les Casques bleus en Bosnie: la reprise du pont de Vrbanja à Sarajevo aux milices serbes. Or ce même incident a été abordé à La Haye dans le cadre du procès Mladić. Lors de l’audience du TPI du 22 octobre 2013, l’officier français témoignant anonymement sous le nom de code RM-401 déclare précisément ceci: «Alors, notre déploiement — notre déploiement sur ce poste-là était vraiment un point-clé de Sarajevo, comme vous le dites. Et nous avions pour mission, eh bien, tout d’abord de nous interposer entre les Bosniaques et puis les Serbes et d’empêcher les Serbes de s’emparer, donc, des symboles de l’autorité, le parlement et la présidence, donc, en traversant la Miljacka et en traversant le pont de Vrbanja.»

La grande Menteuse

Il n’est nulle part fait mention, dans ce témoignage sous serment, du danger de massacre de civils. En revanche, on peut déduire des propos de ce témoin français que la mission concrète de ces soldats était de protéger de la défaite le pouvoir en place à Sarajevo, dirigé par le fondamentaliste islamiste Izetbegović. Pis, peut-être, dans un documentaire en ligne, Lecointre déclare en mimant l’émotion , qu’au moment de l’attaque, «on va se venger de cette peur qu’on nous a infligée» (4:33), puis il réaffirme «l’envie de venger» ses hommes tombés au combat (5:22).

Or la vengeance comme mobile des actions militaires est explicitement condamnée par le droit de la guerre et les conventions de Genève. Surtout en mission de paix ! Si ces déclarations avaient été faites par un officier serbe présent sur le même théâtre d’opérations, nul doute que le TPI de La Haye aurait ouvert une enquête sur lui. Pourtant le 8 septembre 2014, Lecointre écrivait dans un article pour une revue militaire : L’honneur est ce qui pousse tel jeune chef à monter à l’assaut devant ses hommes puisque, étant à leur tête, c’est à lui de leur montrer le chemin du courage. « L’honneur est ce qui impose à tel autre de retenir la fureur vengeresse qui monte en chacun au spectacle des amis morts et blessés, parce que la dignité de tous dépend de la discipline qu’ils appellent inconsciemment et à laquelle ils auront accepté de se plier. Sans honneur, le soldat perd le respect d’autrui ainsi que sa propre estime. Sans honneur, l’action militaire court le risque de se dévoyer. »

Ubu est roi, disions-nous plus haut. Ubu est roi car le mensonge est roi. Mentir pour tromper, mentir par plaisir, mentir par religion. Mentir pour manipuler les masses, pour les saisir par les tripes, pour les sidérer. Dis-moi qui te loue, je te dirai qui tu sers. Dites-moi qui le divinise post-mortem, je dirai quel grand projet sert son trépas. Robert Badinter, milliardaire cosmopolite de 90 ans, après Bergoglio, après le grand rabbin de France, après Netanyahu, a rendu un vibrant hommage au colonel Beltrame (Comme les fascistes espagnols, hurlant jadis dans les ruines de Tolède “Viva la muerte !”, c’est au culte de la mort que le jihadiste se voue. Le colonel Beltrame, lui, agit à l’opposé. C’est pour épargner la vie d’innocents qu’il a donné la sienne. Que son souvenir demeure vivant à travers les générations. Il a servi la cause de l’humanité toute entière. Merci, mon colonel !). L’avocat débilitant trouve en effet la mort de Beltrame fantastique, parce que, dit-il en jubilant, son idéal était fantastique. Pour l’époux d’Elisabeth, Beltrame est mort pour l’humanité. Encore faudrait-il la définir pour mieux comprendre ce sacrifice humain.

Emiland Charleux

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