La Nouvelle Droite, retour sur 50 ans de blasphèmes et de subversion [5/6] : Entre Orient et Occident (sodomie, hindouïsme et magie sexuelle)
N’ayant pas d’arguments vraiment convaincants à nous soumettre pour justifier son antichristianisme viscéral et son paganisme frelaté, la Nouvelle Droite, qui a dû se réinventer un nombre considérable de fois au fil des années, est allée jusqu’à faire la promotion de l’Inde comme dernier bastion de la « spiritualité véritable des indo-européens ». Elle suivit en cela les enseignements d’auteurs « traditionnalistes » bien connus :
« La Nouvelle Droite, sous l’influence du courant traditionaliste, lui-même influencé par les textes de René Guénon, Julius Evola, Ananda Coomaraswamy et Alain Daniélou, entretient depuis le début des années quatre-vingt-dix des liens avec les milieux traditionalistes indiens. Alain Daniélou joua d’ailleurs un rôle particulier dans cet attrait, comme le reconnaît Pierre Leroy « Alain Daniélou aura fait plus que quiconque pour réveiller la conscience polythéiste des Européens en les initiant à la spiritualité de l’Inde dont il avait fait sa patrie d’élection. » Mais l’indomanie néo-droitière est aussi liée à la fois aux études indo-européennes et à une forme de nationalisme continental, sous l’influence de l’écrivain Jean Parvulesco qui a théorisé « l’empire grand-européen eurasiatique », pour reprendre l’une de ses expressions. Cet empire comprendrait l’Europe de l’Ouest et l’Europe de l’Est, la Russie et la Grande Sibérie, l’Inde et le Japon. Parvulesco est en effet persuadé que l’Inde permettra aux Européens de renouer avec leurs origines polaires ».
Stéphane François, Les néo-paganismes et la Nouvelle Droite, (Arché Milano), 2008, p 111.
Il est à noter que Parvulesco fut le mentor d’Alexandre Douguine dont les ouvrages sont diffusés à la chaîne aux Éditions Ars Magna du « catholique traditionaliste non-conciliaire » et spécialiste en cultes phalliques Christian Bouchet. Le discours de Parvulesco était un pur condensé de gnosticisme messianique :
« Jean Parvulesco, fidèle disciple de Raymond Abellio, résume sa pensée en disant qu’il annonce la venue d’une minorité, secrète celle-là, mais d’en haut. Une minorité de rupture qui constitue la prêtrise invisible d’une histoire autre et d’un monde qui n’est pas encore venu mais qui vient ».
Jacques Marlaud, Le renouveau païen dans la pensée française, (Dualpha), 2018, p 244.

Cette lubie hindouiste pseudo-conservatrice n’a, à l’image même de la « Nouvelle » Droite, rien de bien nouveau. Elle fut une mode propagée principalement au XVIIIème siècle par ceux que l’on peut qualifier de vrais pères fondateurs du néo-paganisme européen, à savoir les romantiques allemands. Mais de manière plus générale, c’est toute la pensée germanique qui se laissa imprégner par cette mystique ancienne et bizarre afin de mieux justifier son rejet du christianisme traditionnel. Laissons l’homosexuel belge Raymond de Becker (rédacteur en chef du quotidien collaborationniste Le Soir et proche d’Hergé, mort « suicidé ») confirmer notre réflexion. L’ouvrage que nous allons citer, paru dans la collection de Louis Pauwels et Jacques Bergier (avec une préface d’Alain Daniélou), est l’un des meilleurs que nous ayons pu lire sur l’hindouisme :

« C’est dès lors quelque chose de violent qui, en Allemagne, s’allume dans les dernières années du XVIIIe siècle et que va renforcer l’amertume de l’occupation et guerres de libération. D’où cette frénésie de traductions qui présente en de multiples éditions tour à tour les Lois de Manou, Cakuntala, la Gita Govinda, les Asiatic Resaerches éditées à Calcutta. Schelling, Fichte, Hegel, bien avant Schopenhauer ou Schleiermacher, Schiller, Novalis, Tieck, Brentano vont s’engouffrer, à la suite de Herder et de Schlegel, dans la quête d’une Tradition universelle antérieure à la Tradition chrétienne, d’une Inde berceau des races indo-aryennes qui, pour les besoins de la cause, deviendront les races indo-germaniques ».
Raymond De Becker, L’hindouisme et la crise du monde moderne, (Planète), 1966, p 39.

Compagnon de route de La Nouvelle Droite, le guénonien Paul Sérant présentait les choses de la manière suivante :
« La tradition hindoue, en effet, n’est pas seulement la plus ancienne des grandes traditions de l’humanité : c’est aussi parmi les traditions orientales, la plus accessible à l’intelligence occidentale. C’est grâce à elle que beaucoup d’entre nous auront retrouvé la véritable métaphysique, c’est-à-dire la réalité absolue et immuable, hors de laquelle rien n’est concevable, pas même le néant ».
Paul Sérant, Au seuil de l’ésotérisme, (Grasset), 1955, p 102.

« L’Inde est un conservatoire de traditions remontant à notre préhistoire la plus archaïque. Le paganisme de nos ancêtres y a miraculeusement survécu malgré les invasions musulmanes, les missions chrétiennes et tous les autres agents de l’ethnocide. Les brahmanes, frères de nos druides, continuent d’y offrir des sacrifices comme il y a quarante siècles. Le voyage en Inde me paraît fondamental pour tout païen européen, puisqu’il lui permet de faire le lien avec une tradition vivante, qui plus est en partie indo-européenne ».
Christopher Gérard, La source pérenne, un parcours païen, (La Nouvelle Librairie), 2025, p 65.

« Une évidente vitalité se tient dans l’hindouisme (…) Contrairement aux religions tardivement révélées, il a montré et montre encore, malgré les assauts réitérés du matérialisme contemporain, une faculté de diviniser l’homme en l’élevant au-dessus de toute standardisation ».
Bruno Favrit cité par Christian Bouchet dans Les nouveaux païens, (Duapha), 2005, p 60.
Pour déprécier un peu plus la vraie religion à laquelle il voue une détestation sans borne, Alain de Benoist, usant de sa sophistique habituelle, n’hésitait pas à lui opposer une « sagesse » orientale prétendument supérieure :

« Le monothéisme biblique, en voulant placer Dieu au-dessus de tout, a mis en route un processus au terme duquel ce dieu ne pouvait que tomber au-dessous de tout. Là réside l’athéisme potentiel de la religion chrétienne, véritable aberration du point de vue de l’expérience spirituelle, relevant de ce que les Indiens dénomment anadhikâri vedânta, « métaphysique des imbéciles ».
Thomas Molnar/Alain de Benoist, L’Eclipse du Sacré, (La Nouvelle Librairie), 2021, p 232.
Nous n’allons pas décortiquer en détail la philosophie hindoue et ses diverses ramifications. Elle est extrêmement compliquée et semble se contredire en permanence. Car elle vise à désintégrer l’intelligence en l’asservissant via une métaphysique abstraite et ô combien subjectiviste. On en voudra pour preuve ce passage incompréhensible qui nous a fait penser à du Martin Heidegger mélangé à du Shmuel Trigano :
« Les madhyamaka Nâgârjuna, le Serpent Primordial, dit ainsi (…) Je ne nie rien, il n’y a rien à nier. Les « choses » sont vides, l’existence est inexistante, la forme est non-forme, le monde est un concept, et le concept est vide. Que nier? Dans ce mental vide, flotte un monde vide, c’est-à-dire, pire que non-existant, et mieux qu’existant – dont l’inexistence même n’est pas ».
Bernard Dubant, B.A.-BA : Shivaïsme, (Pardès), 2006, p 26.
On peut néanmoins énumérer les six principales écoles de pensée « orthodoxes » de la manière suivante :
« L’Analyse (Sâmskhya), la Maîtrise intérieure (Yoga), la Distinction (Vaïshéshika), la Logique (Nyâya), l’Interprétation, (Mimânsâ) et l’Accomplissement du Véda (Védânta). Ces six écoles se rattacheraient à l’autorité des textes sacrés dont la séquence, sinon les dates, serait assurée : d’abord les Anciens Textes de la Connaissance Sacrée (Véda), puis les Commentaires du Rituel (Brâhmanas), enfin les Textes de la Doctrine Secrète (Upanishads). En marge de ces six écoles et des textes sacrés, on placerait à date moyenne les systèmes nés des religions hérétiques : celle des Sages (Bouddhisme) et celle des Vainqueurs (Djaïnisme) ».
Jean Boulier-Fraissinet, La philosophie indienne, (PUF), 1961, p 5.
Toutes ces écoles constituent en réalité autant de chemins qui ne mènent nulle part. On se perd très vite dans des divagations métaphysiques assommantes et ennuyeuses en s’adonnant à l’étude de telle ou telle « sagesse ancestrale merveilleuse » dont les finalités demeurent en définitive assez obscures. Retenons toutefois un enseignement parmi tant d’autres qui devrait faire comprendre au lecteur à quoi nous avons affaire (il est issu du Gandharva Tantra) : « Personne ne peut honorer un dieu s’il n’est pas lui-même devenu un dieu ».
Signalons que ce n’est pas René Guénon et sa gnose pérenialiste prétentieuse qui nous auront servi de référence dans notre étude. C’est plutôt au musicologue sodomite Alain Daniélou (frère du cardinal Jean Daniélou-opposant à la Loi Veil mort dans des circonstances suspectes-NDLR) que nous avons préféré nous fier. Il avait très clairement exprimé sa compréhension de l’hindouisme dans ses nombreux ouvrages. Guénon avait d’ailleurs estimé en son temps que Daniélou faisait « preuve de connaissances fort intéressantes » et s’inspirait « d’un esprit véritablement traditionnel. » On appréciera cette réflexion fort subtile du pédéraste shivaïte. Elle nous servira d’entrée en matière :

« Aujourd’hui, l’hindouisme reste la seule grande religion païenne, la seule à s’ouvrir sur un monde merveilleux où la science, la mythologie et la métaphysique ne sont pas séparées. L’hindouisme est un effort pour essayer de comprendre la nature de la création. Il est tellement absurde d’imaginer que le créateur de l’Univers puisse être un monsieur avec une barbe, à qui on téléphone pour demander comment on doit se comporter!«
Alain Daniélou, Approche de l’hindouisme, (Kalash), 2007, p 29.
Une autre remarque intéressante est à prendre en compte:
« L’athéisme est parfaitement compatible avec l’hindouisme, puisqu’il en est l’une des approches. On considère que la vérité ultime est le point où toutes ces approches contradictoires se rejoignent. Mais il n’est pas atteignable, donc toutes les formes de pensée sont valables (…) L’hindouisme est une ouverture d’esprit complète : on ne peut rien rejeter dans les efforts de l’homme vers la connaissance ».
Alain Daniélou, Approche de l’hindouisme, (Kalash), 2007, p 36.
Pour avoir un aperçu de la civilisation hindoue, on se fiera à ces considérations d’ordre général tirées d’une magnifique biographie de saint Jean de Britto parue en 1853 :

« Quoique la morale des Indiens se ressente de la nature de leurs dieux et de la turpitude de plusieurs d’entre eux, elle conserve cependant des traces notables de la loi naturelle. Elle se réduit, dans ses principes généraux, à la prière extérieure, à des jeûnes rigoureux, à des œuvres de bienfaisance, à de rudes privations ; mais comme dans tout système religieux en dehors du catholicisme, elle ne recommande aucun de ces sacrifices du cœur, les seuls dignes du vrai Dieu. Ses pratiques tendent plutôt à la satisfaction de l’amour-propre qu’à la répression des défauts ou des vices de l’âme ».
Jean-Marie Prat, Histoire du bienheureux Jean de Britto, (BNF), 1853, p 82.
Dans sa biographie consacrée à saint François-Xavier, l’écrivain André Bellesort dressait quant à lui un tableau de l’Inde « traditionnelle » qui laisse rêveur :

« Toutes les impuretés du paganisme, qu’avaient dénoncées les Pères de l’Église, vivaient, croissaient, multipliaient sur cette terre brûlante. Lorsque l’historien anglais Whiteway; ancien fonctionnaire de l’Inde, nous déclare que les Hindous étaient plus civilisés que les Portugais, de quels Hindous parle-t-il? Les Vichnouistes étaient-ils plus chastes que les Goanais, et les féroces Sivaïstes moins cruels? Les adorateurs de Kali, les sectateurs de la Main Gauche, ne poussaient-ils pas plus loin que tous les autres peuples la passion, le délire des rites obscènes et sauvages? De temps en temps, des voix s’élevaient à Goa contre les iniquités. Mais, depuis mille ans, aucune voix ne s’était élevée dans l’Inde contre le mépris ignominieux des parias. Et même quand l’Inquisition fonctionna chez les Goanais, les bûchers qu’elle alluma ne consumèrent pas autant de victimes en un siècle que ceux du Malabar n’en dévoraient en un an. Quel monstrueux chaos de peuples que cet énorme pays qui portait indifféremment d’abjects sauvages et de grands artistes, des barbares et des métaphysiciens et , comme le dit un autre Anglais, sir Alfred Lyall, quelle jungle de superstitions depuis celles qui interdisaient le meurtre d’une mouche jusqu’à celles qui se délectaient dans les sacrifices humains! Demandez-vous seulement ce que pouvaient penser les gens d’Europe quand ils voyaient des Hindous suivre leur vache, un vase de cuivre à la main, et attendre le moment de recueillir son urine pour s’en laver la tête et le visage ».
André Bellesort, Saint François Xavier : l’apôtre des Indes et du Japon, (Perrin), 1917, p 96-97.
Dans un registre similaire, proposons un autre aperçu de cette « sagesse hindoue traditionnelle » portée aux nues par la Nouvelle Droite :
« Mentionnerai-je à cette place, quoique privé encore, le rite à la fois austère et ignoble auquel s’astreint celui qui ambitionne la propriété de sept villages, c’est-à-dire, somme toute, une petite souveraineté? Je m’en excuse, mais ne crois pas pouvoir l’omettre. Il garde la chasteté durant un an, puis verse du sperme humain dans une coquille perlière, y mêle des grains de riz et mange le tout, enduit du sampâta. « Le roi dévore ses sujets », dit la sagesse hindoue; elle ne s’en plaint pas, elle le constate, car il ne fait qu’user de son droit. Ceci est le dicton hindou mis en action ».
Victor Henry, La magie dans l’Inde antique, (Editions de la Clef d’Or), 2017, p 133-134.

L’ésotériste et diplomate nazi Miguel Serrano, très apprécié par Christian Bouchet et par Alexandre Douguine, était adepte du yoga tantrique. Il publia un récit de son pèlerinage en Inde intitulé Le Serpent du paradis. On y découvrait des aspects intéressants de cette gnose sexuelle élitiste. Il y mentionnait un certain Ramana Maharishi dans une anecdote très révélatrice de la religiosité hindoue, supposément « spirituelle » et « supérieure » :
« Ensuite, à ma grande surprise, on me conduisit dans une petite pièce où on me montra respectueusement une boîte carrée et sombre. Il s’avéra que c’était les toilettes que Rama Maharishi avait utilisées pendant ses dernières années (…) D’abord je fus plutôt choqué et contrarié à l’idée que cet objet ait été préservé, mais en voyant les visages pieux regardant respectueusement et tendrement les toilettes du saint homme, je commençai à comprendre la vraie nature de l’hommage exprimé par ce peuple extraordinaire. Car en Inde il n’y a pas de divisions ; tout est naturel et a sa place dans le cosmos. Les fonctions naturelles d’un homme sont aussi sacrées et aussi dignes de respect que ses idées ».
Miguel Serrano, Le Serpent du Paradis : Histoire d’un pèlerinage en Inde, (Ars Magna), 2018, p 194.

Les chefs religieux en Inde sont appelés les « brahmanes« . Ils furent les grands adversaires des missionnaires catholiques, notamment de Saint François-Xavier et de saint Jean de Britto. L’auteur anglais de tendance plutôt rationaliste Arthur Miles les avait dépeints de la manière suivante :
« Grattez un Brahmane et vous trouverez l’Hindou arrogant, dont la toute-puissance repose sur la dégradation de toute la masse indienne, dont l’existence est maintenue grâce au sang et au labeur de millions d’esclaves, dont le travail souterrain et insidieux mine les fondations mêmes de l’Inde, et dont la foi est la seule barrière qui s’oppose à la liberté d’une race persécutée ».
Arthur Miles, Le culte de Civa, (Payot), 1951, p 46.
Les brahmanes détiennent sans conteste des pouvoirs dont ils ne cherchent pas à révéler l’existence. Dans une étude à laquelle a participé l’homosexuel Bernard Sergent, le chercheur Mathieu Halford a exposé les racines spirituelles reliant les anciens druides celtes aux brahmanes hindous. En évoquant la magie pratiquée par les initiés au druidisme, il remarquait :
« Ces compétences particulières les rangent parmi les mages détenteurs de pouvoirs secrets, au même titre que les mystiques indiens ayant appris à développer les siddhi à travers leur initiation reposant tantôt sur l’ascèse, tantôt sur la gnose. Par l’entremise de ces pouvoirs, les druides antiques ont été qualifiés de sémnothées ou dieux vénérables et les mystiques indiens d’hommes-dieu ».
Mathieu Halford, Druides celtiques et Brahmanes indiens : aux sources d’un héritage indo-européen, (Almora), 2021, p 283.

« La civilisation de l’Indus ayant précédé l’entrée des Aryens en Inde, on en a parfois conclu que le yoga est non aryen; mais c’est oublier que les rituels indo-européens font place à des techniques de tenue du souffle et de méditation qui sont déjà du yoga : on sait, par exemple, que les Celtes en avaient considérablement développé la pratique (et la doctrine) avant que le christianisme ne vînt en interdire l’exercice ».
Jean Varenne, Le Yoga, (Retz), 1973, p 207.

Deux symboles religieux sont vénérés avec ferveur depuis des lustres au sein de cette civilisation très ancienne, il s’agit du lingam (phallus) et du yoni (vagin). Pour ceux qui se demandaient pourquoi l’Inde suscite chez les néo-païens de la Nouvelle Droite une admiration aussi vivace, nous leur fournissons un élément de réponse :
« L’Inde est la terre classique au culte du lingam et du yoni. Des anneaux de pierre-yonis et des lingams remontant à une période antérieure aux invasions aryennes ont été découverts. Le lingam et le yoni sont entrés dans la mythologie hindoue. Le lingam, arbre de vie, sort du triangle inscrit dans le lotus. Les fêtes en l’honneur de Civa, le dieu qui préside au lingam, étaient célébrées à la nouvelle lune ; l’image sacrée du lingam était portée solennellement. Dans l’Inde, on rencontre partout le lingam, cylindre de pierre posé verticalement sur sa base, arrondi à son extrémité supérieure ; environ 75 centimètres de hauteur, il a un diamètre de 30 centimètres à la base; il ressemble à une corne. Il se dresse dans les temples où il en existe de géants. La femme de l’Inde porte un petit Lingam au cou, de la même façon qu’une chrétienne porte une croix. Dans un livre publié en 1960 par Erika Leuchtag, relatant des souvenirs récents du Népal, on lit ces lignes : Dans ce pays, le lingam jaillit du cœur du lotus, le yoni féminin. Cet emblème est représenté partout, en pierre, en bronze, en cuivre, en fer, en or, en cristal et en bois peint. Je l’ai vu sur les marches du temple, au bord des routes. Je l’ai aperçu par la porte de simples maisons entouré d’offrandes de fleurs, de riz et d’eau…A la fin je ne le remarquais même plus. Dans l’Inde, le lotus, plante aquatique, avec ses pétales rouges, blancs, bleus, est le symbole de l’organe féminin, tandis que le figuier indien est une image symbolique très répandue du phallus ».
Jacques Marcireau, Histoire des rites sexuels, (Robert Laffont), 1977, p 140-141.

« Le temple le plus fameux de Tanjore, dans le sud de l’Inde, est rempli de 365 lingas (phallus) de toutes les dimensions. Ils sont soigneusement alignés. On les vénère à tour de rôle chaque jour de l’année. On les enduit d’huile spéciale, on les couvre de fleurs et de parfums, on se prosterne devant eux ; les dévots leur apportent des offrandes et les femmes stériles passent une nuit dans la pagode. Il y a pour elles une chambre réservée où, dans l’obscurité, le dieu Civa vient les visiter ».
Alexandre Maupertuis (Philippe Camby), Le sexe et le plaisir avant le christianisme : l’érotisme sacré, (Retz), 1977, p 58.
Voici un passage tiré du Skanda Purana. Il s’agit d’un texte consacré au « dieu » Shiva auquel faisait ici référence l’ancien chef spirituel de l’Inde du Nord, un certain Swami Karpâtri :

« Celui qui laisse s’écouler sa vie sans avoir honoré le phallus, a perdu son temps. Après la mort il n’atteindra pas un monde meilleur. Son intelligence se dégradera. Si l’on met en balance d’un côté l’adoration du phallus et de l’autre la charité, le jeûne, les pèlerinages, les sacrifices et la vertu, c’est l’adoration du phallus, source de plaisir et de libération, qui protège de l’adversité, qui l’emporte ».
Swami Karpâtri/Alain Daniélou, Le mystère du culte du Lingam, (Editions du Relié), 1993, p 105.

Dans son autobiographie publiée dernièrement sous la forme d’un entretien avec Georges Feltin-Tracol, Christian Bouchet, rappelant au passage avec son élégance coutumière que Christian Lagrave et Jean Vaquié étaient des imbéciles incompétents qui ne maîtrisaient par leur sujet, a rendu hommage à Alain Daniélou. Celui-ci était à ses yeux un homme exemplaire et véritablement traditionnel. Christian Bouchet est allé en Inde pour s’initier au shivaïsme. On peut donc l’imaginer en train de participer à la scène qui va suivre :
« Lors de l’initiation sivaïque, selon le Linga Puràna, le novice est conduit dans l’aire d’initiation. Bientôt, il doit faire trois fois le tour de l’image phallique et offrir au dieu des fleurs, mêlées d’or, ou de l’or seul, en récitant l’hymne à Rudra ».
Bernard Sergent, Le dieu fou : Essai sur les origines de Siva et de Dionysos, (Les Belles Lettres), 2023, p 194.

N’étant visiblement pas très à l’aise avec ce sujet qu’il était incapable d’aborder de manière franche et directe, René Guénon avait quant à lui essayé de s’en sortir avec cette explication pour le moins tortueuse :
« Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que dans un ordre social traditionnel ce qui est correct ou non n’est pas déterminé par le sentiment, comme il l’est dans notre milieu antitraditionnel, mais par la connaissance, et que la règle y est établie métaphysiquement par ce qui fut fait par les Dieux au commencement et dont les rites sont une image analogique. Le symbolisme de l’Ashwamêdha, contrairement à ce qu’ont prétendu divers orientalistes, se rattache très directement à la doctrine du Rig-Vêda et à celle des Upanishads, qui sont d’ailleurs en parfait accord avec toutes les autres traditions orthodoxes sur l’union ab intra des principes complémentaires dans « l’Identité Suprême », aussi bien que sur tout autre point essentiel ».
René Guénon, Études sur l’hindouisme, (Dervy), 2021, p 227.
Citons un auteur beaucoup plus honnête, lui-même disciple de René Guénon, qui nous expliquait son attrait pour la « spiritualité » hindoue. Ce célèbre historien des religions est considéré comme une référence inclassable par énormément d’intellectuels (néo-païens, et même catholiques) :
« En Roumanie, je n’étais guère attiré par la vie religieuse, les églises me semblaient encombrées par les icônes. Et ces icônes, je ne les considérais pas comme des idoles, bien entendu, mais enfin…Eh bien, en Inde, il m’est arrivé de vivre dans un village du Bengale, j’ai vu des femmes et des jeunes filles qui touchaient et décoraient un lingam, un symbole phallique, plus exactement un phallus de pierre anatomiquement très exact et, bien entendu, les femmes mariées au moins, ne pouvaient ignorer sa nature, sa fonction physiologique. J’ai donc compris la possibilité de « voir » le symbole dans le lingam. Le lingam, c’était le mystère de la vie, de la créativité ; de la fertilité qui se manifeste à tous les niveaux cosmiques. Cette épiphanie de vie, c’était Shiva, ce n’était pas le membre que nous connaissons. Alors, cette possibilité d’être religieusement ému par l’image et par le symbole, ça m’a révélé tout un monde des valeurs spirituelles ».
Mircea Eliade, L’épreuve du labyrinthe, (Belfond), 1978, p 69.

Il est amusant de signaler que c’est notre arrière-grand-père, le général C ; intime du roi Carol II de Roumanie, franc-maçon et protecteur des écrivains roumains, qui sauva Mircea Eliade du peloton d’exécution lors de la purge de la Garde de Fer en 1938. Eliade délaissa finalement le fascisme et l’antisémitisme pour devenir un spécialiste du yoga, du chamanisme et d’une pratique sexuelle initiatique très répandue en Inde appelée le tantrisme :
« Les rapports sexuels et le symbolisme érotique dans la vie religieuse indienne ont été documentés depuis les temps védiques. Comme acte sacramentel visant à l’identification du couple humain à ses divins modèles (Civa et Cakti, Bouddha et prajna), le maïthuna est un préalable pour le tantrisme hindou de la main gauche et pour nombre d’écoles vajrayana. Mais ce qui frappe dans le Guhyasamaja Tantra et ses commentaires c’est l’effort d’expérimenter les cinq lumières mystiques lors de l’accouplement qui est un « jeu » (lilà) cérémoniel, puisque aucune émission de sperme (boddhicittam nostrjet) ne doit s’ensuivre ».
Mircea Eliade, Occultisme, sorcellerie et modes culturelles, (Gallimard), 1976, p 138.
Il expliquait aussi dans une étude fameuse publiée en 1962 :
« Aussi longtemps que l’homme pratique l’acte sexuel aveuglé par l’instinct, c’est-à-dire comme n’importe quel autre animal, la lumière resté cachée. Mais elle se relève – dans une expérience complexe d’illumination, de gnose et de béatitude – si l’union devient un rituel, ou un « jeu » divin, c’est-à-dire si, en arrêtant l’émission séminale, on annule la finalité biologique de l’acte sexuel. Considéré dans cette perspective, le maithuna apparaît comme un effort désespéré pour recouvrer la situation primordiale, alors que les hommes étaient des êtres lumineux, se perpétuant dans la lumière (…) La Lumière qui est expérimentée durant la maithuna est la Claire Lumière de la gnose, de la conscience nirvanique, et c’est une justification suffisante pour cet audacieux exercice ».
Mircea Eliade, Méphistophélès et l’androgyne, (Gallimard), 1962, p 49.

Dominique Venner pensait peut-être honorer la « grandeur » de l’Europe à travers cet hommage dédié à l’obsédé sexuel Mircea Eliade. Il n’en avait que plus sûrement incarné la déchéance, en faisant usage de sa prose toujours aussi malaisante :
« L’expérience de Mircea Eliade est exemplaire. Son courage, son esprit lucide et sa formation philosophique lui permirent de voir clair dans cette aventure et d’en tirer des leçons. Son long séjour en Inde devait aussi favoriser ultérieurement ses travaux sur l’étude comparée des religions. Il ne s’était pas laissé engloutir. Devant les épreuves, il s’était ressaisi, renouant avec ses origines, avec son européanité ».
Dominique Venner, Histoire et tradition des Européens : 30 000 ans d’identité, 2011, (Editions du Rocher).

Faisons maintenant appel à Jean Varenne, président du G.R.E.C.E. de 1984 à 1987 et ancien membre du comité scientifique du Front National :
« Ce qui, en tout cas, doit retenir notre attention, c’est la présence de la sexualité au commencement du monde et à l’inauguration de chaque espèce d’êtres vivants. Le désir apparaît également comme souverain : c’est lui, kâm, qui trouble le dieu solitaire et l’oblige à se doter d’une épouse qui n’est autre que sa fille (étant née de lui, on doit penser qu’il l’a créée par la masturbation). D’où la transgression majeure, l’inceste, dont l’efficacité est à la mesure même de son caractère éminemment scandaleux. Le tantrisme, on le sait déjà, mettra de telles notions au tout premier plan de son système : la violence faite à l’ordre naturel des choses est, aux yeux de ses adeptes, le moyen le plus sûr de réussir ».
Jean Varenne, Le Tantrisme : la sexualité transcendée, (Retz), 1977, p 45.
Un peu plus loin, l’auteur se livre à une comparaison révélatrice. Les propos choquants qui vont suivre ne semblent pas le déranger outre-mesure :
« On ne peut s’empêcher, en évoquant ces diverses pratiques, de penser aux gnostiques d’Alexandrie qu’avait vus Saint Épiphane au IVe siècle de notre ère. Eux aussi communiaient au sperme (représentant le pain) et au sang menstruel (le vin); eux aussi se marquaient le visage et le corps avec le mélange des deux substances; eux aussi, surtout, avaient le sentiment d’accomplir, ce faisant, un haut rite, la pâque parfaite, la communion véritable (réservée, il va sans dire, aux seuls initiés) ».
Jean Varenne, Le tantrisme : la sexualité transcendée, (Retz), 1977, p 137.
Le témoignage de saint Épiphane se trouve dans son exceptionnel ouvrage intitulé le Panarion. Le sectaire auquel il faisait ici allusion est le célèbre Simon le Magicien. C’est le père officiel de la Gnose des premiers siècles :

« Il institua des mystères de honte et d’écoulement corporel, pour m’exprimer de manière plus digne : des hommes et des femmes se réunissaient dans une assemblée abominable pour célébrer leurs mystères en utilisant les premiers l’émission de leur semence, les secondes leurs menstrues habituelles, et il s’imaginait que c’était là des mystères de vie et de la gnose la plus parfaite ».
Epiphane de Salamine, Panarion – Hérésies 1 à 25, (Cerf), 2023, p 553.
En précisant que « Le rite tantrique secret présente encore d’autres parallèles avec certains cérémonials gnostiques »*, Eliade confirmait les remarques de Jean Varenne.
*Mircea Eliade, Occultisme, sorcellerie et modes culturelles, (Gallimard), 1976, p 138.
« L’important, en ce qui concerne les origines du Tantrisme, c’est que la Brihad Aranyaka Upanishad enseigne formellement que le monde est venu à l’être grâce à l’union sexuelle de deux puissances cohabitant éternellement à l’intime du Principe premier. Celui-ci peut être appelé d’un nom neutre (brahman) ou masculin (âtman) ; on peut même le tenir pour le Mâle par excellence (purusha), il n’en reste pas moins que sa nature intime est celle d’un couple d’amants étroitement embrassés ».
Jean Varenne, Le Tantrisme : La sexualité transcendée, (Retz), 1977, p 181.
Le tantrisme est une pratique mystique effarante par le biais de laquelle l’homme et la femme deviennent une entité divine fusionnelle en s’adonnant à une sorte de magie sexuelle initiatique aux règles très rigoureuses et aux résultats que l’on peut sans hésitation qualifier de diaboliques. En effet il s’agit pour l’initié d’activer, en stimulant ses « chakras« , la force cachée de son moi profond (toujours la gnose) dénommée la « Kundalini« . Il s’agirait d’un serpent énergétique caché dans notre colonne vertébrale :
« Un serpent entoure le Linga et, de sa langue fourchue, en touche l’orifice (…) Le serpent est l’image de l’énergie latente, endormie, source de la puissance sexuelle et mentale qui se trouve enroulée à la base de la colonne vertébrale et que le Yogi utilise, au cours de son voyage intérieur, dans sa tentative de conquête des mondes supérieurs ».
Alain Daniélou, Le Phallus, (Pardès), 1993, p 90.

Le corps humain disposerait de six chakras principaux (« centres de forces subtils ») qui seraient en forme de roue et de fleur. Le chakra le plus important se nomme le « Muladhara Chakra » :

« Il est situé derrière les organes génitaux et au-dessus de l’anus. Son nom vient de Mûla (racine) et de adhâra (support) ; il est en effet la racine de la nâdi sushumnâ où repose, « engourdie comme un serpent », la kundalini; c’est le véritable centre occulte du corps humain. »
Jean Marquès-Rivière, Le Yoga tantrique hindou et tibétain, (Arché Milano), 1976, p 42.
Il y a plusieurs façons d’accéder à cet « état supérieur de conscience » en maîtrisant son énergie sexuelle. Il y a par exemple la voie dite « de la main gauche » et la voie dite « de la main droite ». Nous ne nous attarderons pas à comparer ces deux approches car cela est inutile. Rappelons juste que la voie de gauche est plus axée sur le sexe « cosmique » tandis que la voie de droite se pratique seul et se focalise sur une ascèse extrême :
« Le tantrisme est dit de droite ou de gauche, selon qu’il est fondé sur des pratiques ascétiques ou qu’au contraire ses adeptes pratiquent un culte secret au cours duquel l’étreinte amoureuse est effectuée d’une manière concrète bien que dans un but non sensuel : ce sont deux « dieux », qui finalement, s’unissent pour contempler la réalité ultime, en parvenant à un état qui transcende la vie et la mort. Le tantrisme de gauche vise à atteindre la libération par des rites orgiastiques, qui semblent dépravés pour l’homme contemporain (citons en particulier, le rite de la roue-cakra, où la même femme sert de partenaire à plusieurs hommes : on se trouve en présence d’une sacralisation à rebours, utilisée comme un moyen très efficace de franchir le flux de samsâra – la chaîne indéfinie et inexorable des morts et renaissances -, pour aborder l’autre rive). »
Serge Hutin, Histoire mondiale des sociétés secrètes, (Les Productions de Paris), 1959, p 235-236.

Bien que la méthode la plus recommandée nécessite un homme et une femme, afin de former un couple « androgynique-cosmique-divin », l’homosexualité est admise, voire même conseillée selon le rite pratiqué. Alain Daniélou en fut la preuve vivante :
« Pour cet homme au fond mystique, l’homosexualité comprend une dimension initiatique. Le tantrisme développe l’idée de la transmission d’un savoir par le corps. Chacun peut librement passer d’un comportement sexuel à l’autre, la morale de la tradition hindoue n’est pas liée à la vie sexuelle. Les fous de Dieu dont Alain se réclame, ces Bauls de Bengale, n’associent pas une attitude morale à leur comportement sexuel et la vie monastique pratique l’homosexualité – sans l’afficher – perpétuant ainsi la tradition de pédérastie initiatique. L’amour homosexuel est d’ailleurs profondément intégré à la mythologie hindoue. »
Emmanuelle de Boysson, Le cardinal et l’hindouiste : le mystère des frères Daniélou, (Presses de la Renaissance), 2008, p 147.
« Les rites de caractère sexuel sont appelés les « noces de Shiva », quelle que soit leur forme, car le dieu prend sous sa protection tout ce qui sort de la règle. Toutes les variantes érotiques sont décrites et des procédés de type yogique sont utilisés pour intensifier et développer le plaisir sensuel. Dans un rituel spécial, l’orgasme prostatique, lié à la pénétration anale, joue un rôle important lié au culte de Ganésha, le fils de la déesse, le gardien des portes dont le centre, d’après le yoga, se trouve comme nous l’avons vu dans le plexus prostatique. »
Alain Daniélou, Shiva et Dionysos, (Fayard), 1979, p 201.

On retrouve ainsi dans la tradition hindoue l’homosexualité initiatique, valeur primordiale chez les indo-européens et les néo-droitiers :
« Une intéressante histoire, dans le Skanda Puràna, a une forte odeur pédérastique : Siva demande à Visnu de prendre la forme d’une belle femme (…) Visnu s’exécute, Siva est excité par la beauté de cette femme, la poursuit, et cela même lorsque Visnu a repris sa forme masculine ; et alors Siva le serre si étroitement que leurs deux corps ne font plus qu’un, Hari-Hara. »
Bernard Sergent, Le dieu fou : Essai sur les origines de Siva et de Dionysos, (Les Belles Lettres), 2023, p 243.

« Shiva, le dieu androgyne à la double poitrine et aux deux visages, engendra, sans avoir besoin de féconder une femme, un fils appelé Skanda, « Jet de sperme » (…) Skanda naquit lorsque Shiva déversa son sperme, comme une offrande rituelle, dans la bouche d’Agni, le feu. Celui-ci, incapable de supporter la violence du jet divin, le rejeta, en sorte que la semence tomba dans le Gange. Le flot sacré de la connaissance – tel est le symbolisme du grand fleuve – la déposa dans un marécage de roseaux. Skanda fut élevé et nourri par les sept Pléiades. Il eut sept têtes pour boire leur lait. Il devint le dieu de la beauté, l’adolescent parfait. Mais il se refusa à tout contact avec les femmes. Il resta vierge ou tout au moins sans rapports avec des êtres féminins. Son culte et l’approche de ses temples sont interdits aux femmes. Il n’a qu’une seule épouse, l’armée (Séna). Il est le dieu des rites homosexuels. »
Dominique Fernandez, Sentiment indien, (Grasset), 2005, p 72-73.

Parmi toutes les divinités faisant partie du panthéon hindou, c’est donc Shiva, une espèce d’androgyne bisexuel terrifiant qui semble bénéficier d’une certaine primauté aux yeux des néo-païens du G.R.E.C.E. Son équivalent européen étant l’homosexuel cannibale Dionysos, mais également le « dieu » phallique aux cornes de cerf appelé Cernunnos, (auquel Jean-Yves le Gallou a rendu hommage dernièrement dans ses Mémoires identitaires), il n’y a en cela rien de plus logique. On a vu que le grand promoteur de Dionysos en Occident fut le philosophe taré Frédéric Nietzsche. A ce sujet une remarque d’Ananda Coomaraswamy (père du théoricien sédévacantiste Rama Coomaraswamy), a retenu notre attention :

« Son admirable doctrine du Surhomme – qui présente tant de ressemblance, avec le concept chinois de l’Homme Supérieur, et le Mahâ Purusha, le Bodhisattva et le Jivan mukta de l’Inde – est d’une importance toute spéciale ».
Ananda Coomaraswamy, La danse de Civa, (L’Harmattan), 2000, p 212.
Toujours à propos de Nietzsche :
« Chez l’homme, analogue microcosmique de l’univers, l’amour doit, de la même façon, occuper la première place, à la fois comme déterminant de l’aliénation (qui enchaîne l’individu au monde des phénomènes et le contraint à transmigrer jusqu’à la fin du cycle) et comme puissance capable de le libérer, pourvu qu’il acquière la connaissance intellectuelle de sa nature véritable. Ainsi, comme Nietzsche l’avait déjà reconnu, la sexualité concerne l’être humain tout entier, y compris le domaine – soi-disant réservé – de la spiritualité. Il est donc légitime de l’utiliser pour parvenir à la Délivrance ».
Jean Varenne, Le Yoga, (Retz), 1973, p 202.

Pour devenir un « dieu » il faut, d’après les enseignements des « maîtres de sagesse » yogis, parvenir à l’orgasme sans éjaculer. Raymond Abellio, dans sa préface à l’ouvrage de Paul Sérant Au seuil de l’Esotérisme, (Grasset), affirmait que « Maîtriser l’orgasme c’est conquérir tous les pouvoirs. » (p 34). Ainsi au lieu d’aimer un Dieu infiniment bon et infiniment parfait dans la charité, la dignité et la pénitence, on devient soi-même un « dieu » en empêchant l’émission de sa semence virile lors d’une étreinte sexuelle magique, ou lors d’une séance de masturbation alchimico-tantrique :
« Le yogî qui de cette manière retient la semence vainc la mort, parce que de même que le bindu versé conduit à la mort, ainsi le bindu retenu conduit à la Vie. Tout cela a un rapport évident avec la doctrine de la vîrya, de la force occulte de la virilité. »
Julius Evola, Métaphysique du Sexe, (Omnia Veritas), 2020, p 328.
La citation qui va suivre nous permettra de comprendre pourquoi Christian Bouchet, à l’instar d’autres membres de la Nouvelle Droite, apprécie tant Alain Daniélou :
« Dans le corps humain, la porte étroite qui mène au centre-terre, à la déesse-serpent, est l’anus. Là, se trouve le centre de Ganésha, le gardien des portes et des mystères, serviteur de la déesse. Au-delà, se trouve le labyrinthe des entrailles, ces chemins tortueux qui mènent à tous les organes vitaux et que les augures vont consulter au cours du sacrifice. Le yogi qui parvient à réveiller l’énergie enroulée et, par son aide, à atteindre l’un après l’autre les centres où résident les formes supérieures de la vie et les pouvoirs subtils qui feront de lui un « héros » (virà) maître de toutes les énergies latentes en lui-même et en dehors de lui, et lui permettront de dominer les forces obscures de la nature élémentaire pour atteindre l’intelligence et la lumière divine, doit traverser le labyrinthe intérieur dont la forme physique est le dédale intestinale où se dissimulent les différents centres subtils. »
Alain Daniélou, Shiva et Dionysos, (Fayard), 1979, p 155.
Le labyrinthe en question est la «demeure secrète du principe mâle, du taureau ou phallus ». C’est aussi le nom d’une maison d’éditions (anciennement Éditions Copernic) qui proposait dans son catalogue des ouvrages d’Alain de Benoist, de Louis Rougier ou encore de l’homosexuel Pierre Gripari. Nous avons ainsi, une fois de plus, la sodomie érigée au rang de pratique rituelle élitiste. On appréciera les allégories utilisées par l’auteur pour mieux faire passer la pilule. C’est tout simplement du satanisme appliqué sous couvert de pseudo-métaphysique et de poésie initiatique :
« Il existe tout un rituel lié à la pénétration anale par la porte étroite qui ouvre le labyrinthe (dans l’homme, l’intestin). En yoga tantrique, le centre de Ganésha, le gardien des portes, se trouve dans la région du rectum. L’organe mâle, s’il pénètre directement dans la zone de l’énergie enroulée (Kundalini), peut permettre de l’éveiller brutalement et de provoquer des états d’illumination et de subite perception de réalités d’ordre transcendant. C’est pourquoi cet acte peut jouer un rôle important dans l’initiation. Cela explique un rite d’initiation masculine, très répandu parmi les peuples primitifs, bien que rarement rapporté par les observateurs occidentaux, dans lequel les initiés adultes mâles ont des rapports sexuels dans l’anus avec les novices…Une coutume de ce genre peut être très bien à la base de l’érotisme homosexuel encouragé si fortement chez les Grecs à l’époque classique ».
Alain Daniélou, Shiva et Dionysos, (Fayard), 1979, p 156-157.
Ajoutons cette courte remarque très intéressante de Fritz Springmeier. Elle complétera les explications d’Alain Daniélou et permettra d’établir un important parallèle entre cette gnose orientale « indo-européenne » et la kabbale juive (ou plutôt judéo-païenne). Springmeier nous explique en effet que «La sodomie dispose de sa propre pièce secrète sur l’arbre de vie kabbalistique.» Si, en Occident, l’ouvrage de référence sur le sujet demeure La Puissance du Serpent de l’initié Arthur Avalon, suivi du Yoga de Mircea Eliade, nous avons suivi les conseils du très compétent Christian Bouchet qui dans son ouvrage Nationaliste et Révolutionnaire évoque également le Yoga de la Puissance de Charles Antoni. On peut effectivement y trouver des préceptes pleins de sagesse visant à « éveiller notre potentiel divin » :
« Nous savons que la jument, après l’expulsion des excréments contracte et dilate plusieurs fois l’anus. Ce Mudrâ imite le geste de la jument. Par cet exercice, nous pouvons contrôler les muscles sphincter de l’anus ».
Charles Antoni, Le Yoga de la puissance, (Epi), 1984, p 82 83.
On peut également citer le professeur de yoga Pierre Feuga, auteur d’une véritable somme sur le tantrisme :

« Selon un commentateur (…) la suprême, la grande jouissance – paramahâsuka – est la suppression de la pensée (il est dit ailleurs que l’arrêt du sperme, surtout si l’on y associe l’arrêt du souffle, tue le manas*, de façon que la pensée devienne non-pensée, dans l’état de non-engendré. Quand le souffle et la pensée sont supprimés dans l’identité de jouissance (samarasa), on atteint à la suprême, à la grande jouissance, à la grande joie, à l’annihilation véritable ».
*terme sanskrit désignant le mental.
Pierre Feuga, Tantrisme : doctrine, pratique, art, rituel, (Dangles), 1994, p 297.
Toujours aussi franc et expansif, Alain Daniélou avait également fait une remarque au sujet du Kâma-Sutra :
« Le Kâma Sûtra n’est ni un ouvrage érotique ni un code de morale mais une étude systématique des pratiques sexuelles des citadins de la grande ville de Pataliputra et de leur art de vivre : les demeures, les jardins, les réceptions, la musique, le théâtre ; les courtisanes, les homosexualités, le sado-masochisme, etc. envisagés d’un point de vue scientifique, sans aucun préjugé. On pourrait le comparer au rapport Kinsey, la fameuse étude sur la sexualité aux Etats-Unis. »
Alain Daniélou, Le Chemin du Labyrinthe, (L’Âge d’Homme), 2015, p 335.

Centrons-nous maintenant sur le sulfureux Julius Evola. Il fut peut-être, avec Frédéric Nietzsche, l’un des piliers spirituels les plus importants de la Nouvelle Droite. Tout en ayant influencé le courant racialiste d’obédience nazi/SS du mouvement, il fut aussi l’inspirateur de sa branche indo-européenne/tantrique. Véritable honte de la pensée occidentale, cet homme a littéralement empoisonné les milieux contre-révolutionnaires avec ses doctrines insensées dont il ne fut, bien entendu, qu’un simple représentant. Julius Evola, mais également René Guénon, jouèrent parfaitement leur rôle de propagateurs de cette fausse notion de « tradition » qui a complètement perturbé le monde catholique conservateur déjà bien affaibli par les crises successives. Dans son étude publiée en 2014 au Sel de La Terre, Paulo Taufer allait dans le sens de notre réflexion. Il n’est pas inutile de citer ce passage qui servait de conclusion à son analyse :
« Ce que nous pouvons soutenir avec certitude, c’est que les Evola et les Guénon ont fait leur jeu, en véritables maîtres qu’ils étaient de la subversion antichrétienne, en réveillant par leur œuvre la mémoire d’une Tradition primordiale illégitime, et en ramenant à elle tout leur effort, tandis que la mémoire de l’unique vraie Tradition, la catholique, gît depuis trop longtemps obnubilée et languissante. Et nous ne pouvons pas ne pas dénoncer que cette société matérialiste rendue stupide, bestialisée, est précisément le fruit de la manœuvre séculaire de ces cercles gnostiques, qui se réfèrent d’une manière générale à la franc-maçonnerie, qui ont déchristianisé la société avec leurs révolutions, leurs idéologies et leurs partis. Et Evola était pleinement un gnostique, et même un gnostique de haut niveau ».
Paulo Taufer, Les jeunes et les ruines d‘Evola, (Sel de la Terre), 2014, p 74.

Faisons maintenant honneur aux anciens qui surent voir venir le piège :
« Grâce à Evola, la mode païenne, barbouillée des couleurs fascistes, risque en un mot de passer des cafés excentriques aux bibliothèques des universités populaires, des salons libre-penseur et des alcôves d’invertis aux milieux de politicanti à l’affût de tous les soleils levants : et ainsi demain, peut se reformer, au sein du régime assaini, un nouveau centre d’initiation secrète, pire que la Maçonnerie à peine dissoute. Des cercles se rouvriront où, dédaigneux des simples sujets fascistes, quelques adeptes isolés, absolus, monopoliseront l’autorité au compte d’une nouvelle conjuration de forces occultes ».
Revue Internationale des Sociétés Secrètes : Evola et la mission transcendante de l’Église, (Delacroix), p 17.

Le principal diffuseur de la « pensée » d’Evola en France fut l’écrivain Pierre Pascal. Il fut suivi plus tard par Arnaud Guyot-Jannin, Christian Bouchet ou encore son traducteur officiel, le néo-païen Philippe Baillet dont la « pensée combattante cosmique indo-européenne » peut se résumer ainsi :
« Sous l’influence de la mentalité judéo-chrétienne, nous sommes toujours tentés de voir dans le plaisir l’ennemi du renoncement, alors que l’Indien traditionnel, lui, voit là non une identité bien entendu, mais une analogie chargée de sens dont la méditation est libératrice ».
Philippe Baillet, Julius Evola ou la sexualité dans tous ces états, (Les Deux Etendards), 1994, p 30.
Mentionnons également les éditions Omnia Veritas ou les éditions Ethos qui nous proposent de lutter contre le « mondialisme talmudique » avec René Guénon…Beaucoup d’études hagiographiques ont été publiées pour honorer la mémoire du baron italien. On retiendra celle dirigée par Jean Mabire intitulée Julius Evola, le visionnaire foudroyé publiée en 1977 (Copernic) à laquelle participèrent Jean Varenne, Pierre Pascal, Robert de Herte (Alain de Benoist) ou encore le spécialiste en homosexualité nazie Michel Angebert (Michel Bertrand). On pouvait y lire :
« Le christianisme avec la transcendance de ses pseudo-valeurs gravitant toutes dans l’attente du Royaume qui n’est pas de ce monde brisa la synthèse harmonieuse de spiritualité et de civisme, de royauté et de sacerdoce, que le monde antique connaissait. L’abrutissement politique moderne n’est qu’une extrême conséquence de cette antithèse et de cette scission, créée par le christianisme primitif et mise en forme dans l’essence même de ce christianisme primitif. Prise en elle-même, en son subtil bolchevisme, et en son profond mépris pour tous les soucis mondains, la prédication de Jésus ne pouvait que conduire qu’à une seule chose : rendre impossible non seulement l’État, mais encore la société elle-même ».
Cité dans Julius Evola : le visionnaire foudroyé, (Copernic), 1977, p 62.
Si l’on en croit Alain de Benoist, l’ouvrage le plus important d’Evola serait Métaphysique du sexe. Ce serait d’après lui « l’ouvrage-clé de toute la pensée évolienne« *.
*Alain de Benoist, Contre l’esprit du Temps, (La Nouvelle Librairie), 2022, p 112.
C’est un livre incompréhensible au style horriblement compliqué. Tout y est fumeux, incohérent. L’auteur cherche simplement à diviniser l’acte sexuel, comme tout initié tantrique. Mais il se perd sans cesse dans des divagations mystico-intellectuelles qui n’en finissent pas, ne maîtrise pas sa pensée embrouillée qui part dans tous les sens :

« La tendancialité démoniaque de la femme se manifeste dans le fait de capter et d’absorber le principe de la virilité transcendante ou magique : principe à rapporter, en général, à ce qui dans le masculin reflète l’élément surnaturel, antérieur à la diade, à ce qui dans la nature est supérieur à la nature et qui virtuellement aurait le pouvoir de « faire rencontrer le courant en haut » et de briser le lien cosmique. Ce sens est exactement celui que, dans la terminologie bouddhiste a l’expression vîrya, dont la racine d’autre part est la même que celle du latin vir; elle désigne la virilité au sens éminent et transcendant telle qu’elle s’active dans la haute ascèse, qui peut conduire au-delà de la région du devenir, du samsâra, en arrêtant le courant. Selon la polyvalence qui lui est propre dans la terminologie technique tantrique et du Hatha-Yoga, le même terme vîrya peut pourtant désigner aussi la semence masculine, ce qui dans un ensemble plus général, n’est pas sans rapport avec la théorie qu’à l’homme, en tant que tel, c’est-à-dire déjà du simple fait de sa virilité -purushamâtra sambandhibhi – il est donné potentiellement de parvenir à la réalisation surnaturelle de soi ».
Julius Evola, Métaphysique du Sexe, (Omnia Veritas), 2020, p 198-199.
Signalons au lecteur que les 400 pages de son essai sont exactement du même tonneau. Pour qui a lu le Contre les Hérésies de Saint Irénée, le livre de Julius Evola procurera un curieux sentiment de déjà-vu. La « métaphysique évolienne » aura néanmoins le mérite de nous proposer un fort bel échantillon de la tournure d’esprit de ce sectaire frénétique. On retiendra une audacieuse réhabilitation du Marquis de Sade, (un brave homme incompris qui était à la recherche du bonheur). Les nombreuses références faites au célèbre juif antisémite et misogyne Otto Weininger n’aident en rien à l’affaire. Cet auteur, mort suicidé (encore un), est beaucoup trop excessif pour être pris au sérieux. Nous avons également droit à des cours de kabbale hébraïque, à des développements sur « l’homme primordial androgyne » ou encore à une appréciation assez singulière de la morale traditionnelle :
« Il faut cependant prendre position contre la conception qui fait apparaître comme un progrès et un enrichissement, le passage de l’amour sexuel à l’amour de nuance principalement affective et sociale, basé sur la vie à deux, avec le mariage, la famille, la progéniture et le reste. Existentiellement, dans tout cela on n’a pas un plus, mais un moins, une chute intensive de niveau. Dans ces formes, quoiqu’obscur, le contact avec les forces primordiales est perdu ou se maintient seulement par réflexe. Comme nous le verrons, un amour porté sur un tel plan – sur le plan nietzschéen « trop humain » – n’est qu’un succédané. Métaphysiquement, avec lui l’homme se crée une solution illusoire pour ce besoin de confirmation et d’intégration ontologique, qui constitue le fond essentiel et inconscient de l’impulsion du sexe. Schiller écrivait : « La passion passe, l’amour doit rester. » En cela on ne saurait voir qu’un pis-aller et l’un des drames de la condition humaine. Car seule la passion peut conduire au moment fulgurant de l’unité. »
Julius Evola, Métaphysique du sexe, (Omnia Veritas), 2020, p 24.
En effet pour ce grand penseur de la « Tradition », la vie de famille représente la fin de l’humanité. Faire de la femme une tendre épouse et une mère aimante, c’est la désacraliser, c’est l’anéantir. Evola consacre également quelques pages au magicien démoniaque Aleister Crowley. Nous estimons avoir atteint le point de non-retour lorsque l’auteur reproche à Crowley d’avoir eu des enfants pendant ses rites sexuels, ce qui constitue à ses yeux un véritable sacrilège. Il justifie ensuite le penchant prononcé du sorcier anglais pour la sodomie :
« Si l’on ajoute le second point, c’est-à-dire le fait de l’inclusion, même sporadique de l’homosexualité dans le sex-magic, naît le soupçon que chez Aleister Crowley, il s’agissait moins d’une véritable technique que d’une disposition personnelle, innée, très spéciale, grâce à laquelle l’orgasme de l’étreinte sexuelle (tout comme l’effet des stupéfiants) en soi et pour soi, portait aux ouvertures de la conscience sur le plan suprasensible dont il parlait ».
Julius Evola, Métaphysique du Sexe, (Omnia Veritas), 2020, p 372.
Voilà donc ce qu’est la gnose païenne, du moins celle ayant revêtu les formes d’expression les plus rudimentaires. Voilà le remède « métaphysique » préconisé par la Nouvelle Droite pour lutter contre la décadence du monde moderne, la destruction des mœurs et le transhumanisme :
« Si tous les chrétiens avaient été pareils à Victor Hugo, à Péguy ou à Berdiaeff qui se refusèrent à voir en Satan l’opposé éternellement perdu de Dieu et voulurent éveiller pour lui non seulement de la pitié, mais une compréhension de sa fonction, l’Occident aurait peut-être connu cette sorte de satanisme désamorcé, exalté, glorifié qu’à mon avis le shivaïsme constitue. »
Raymond De Becker, L’hindouisme et la crise du monde moderne, (Planète), 1966, p 213.
La Nouvelle Droite a ainsi faite sienne cette mission dont l’objectif final est la corruption spirituelle des Occidentaux. Mais en faisant la promotion de l’Inde, n’a-t-elle pas plutôt joué un rôle que lui aurait assigné la Haute Finance Internationale, véritable bras armé d’un mondialisme qu’elle prétend toujours hypocritement combattre? La citation suivante devrait faire réfléchir :
« La religion de l’homme occidental moderne, avant tout, a pour prémisses l’existence d’un Dieu unique, qui a créé l’homme à son image ; la croyance que l’homme – et l’homme seul – personnifie Dieu sur Terre ; qu’il jouit, en ce monde, d’un statut à part, privilégié par rapport à toutes les autres formes de vie ; et que la nature a été créée pour être à sa disposition. Cette manière de voir est tout à fait différente de la vision religieuse qu’ont les peuples dits primitifs. Ils ne peuvent concevoir l’homme comme un individu existant en soi, séparé des forces animées et inanimées qui l’entourent. Les hommes et les femmes des sociétés primitives ont une approche de la nature pleine de respect et de vénération. Dans le monde primitif, le rapport de l’homme à la nature n’est pas celui d’exploitant à exploité, mais une relation d’harmonie (…) Bouddhistes et hindouistes traditionnels sont convaincus que les problèmes de la société occidentale procèdent de la dichotomie que nous percevons entre l’homme et la nature. Ils estiment que cette profonde rupture découle des prémisses fondamentales de la tradition judéo-chrétienne, et que ce contexte autorise l’homme occidental à croire que la nature est là pour être soumise à sa volonté et à l’agressivité de ses instincts. »
James Goldsmith, Le Piège, (Fixot), 1993, p 159-160.

Protecteur de Georges Soros dont il était pourtant censé être le rival « de droite », financier de nombreux mouvements « nationalistes », « souverainistes » et « conservateurs » dans les années 90, James « Jimmy » Goldsmith, cousin des Rothschild, tenait ici exactement le même discours que le G.R.E.C.E. d’Alain de Benoist. Promoteur avec son frère Edouard « Teddy » Goldsmith d’un écologisme « pseudo » conservateur, on peut aisément deviner que la Nouvelle Droite fut utilisée comme un parfait instrument pour assurer la diffusion de leur idéologie antichrétienne au service du Nouvel Ordre Mondial. Mais en tenant ces propos très guénoniens, le célèbre milliardaire ne se faisait-il pas lui-même le porte-parole de la mystérieuse Synarchie ? Après tout, le marquis Saint Yves d’Alveydre, grand théoricien de ce gouvernement secret qui selon Dominique Venner ou encore Olivier Dard, n’a jamais existé, ne considérait-il pas sa Mission de l’Inde comme son ouvrage le plus important ?

Ces questions méritent d’être posées. Car comme le remarquait le pédéraste païen Christopher Gérard (ami de Gabriel Matzneff et grand admirateur d’Alain Daniélou) : « Des missions hindoues essaiment dans le monde entier et les élites occidentales sont fascinées depuis deux siècles par les Védas et les Upanishads. » (La source pérenne/parcours païen, p 24).
Nous reviendrons sur les frères Goldsmith dans la dernière partie de notre dossier (autre anecdote familiale amusante : leur mère française, Marcelle Mouiller, était notre arrière-grande-tante du côté paternel). Nous nous focaliserons surtout sur l’écologiste lié au Club de Rome, Edouard, qu’ Alain de Benoist décrivait dans son autobiographie parue en 2012 (Mémoire vive, Éditions de Fallois) comme un véritable maître de sagesse…

En guise de conclusion nous citerons le long témoignage d’un occultiste français. Il fut présent lors de la scène qu’il va nous décrire. L’intérêt de cet horrible passage permettra de donner un dernier aperçu de cette Inde « traditionnelle » et secrète qui n’a pas grand-chose à voir avec la version très hypocrite propagée par l’idéologie ambiante, qu’elle soit de « droite » ou de « gauche » :
« Nous ne pourrons oublier, jusqu’à notre dernier jour, cette cérémonie. Ce furent d’abord la récitation des mantras et un simulacre de mariage avec Siva, apothéose de tout le symbolisme sexuel qui était représenté par une épée. Puis vint l’épreuve qui décidait si chacune des jeunes filles était digne d’être acceptée comme épouse du dieu. Cela s’accomplissait en la dépouillant de ses vêtements et, après qu’un prêtre ait sucé ses seins pour exciter sa passion (probablement pour le dieu) en l’enfonçant sur le linga de pierre jusqu’à ce que les trente centimètres soient dans le corps de la jeune fille et qu’elle soit assise sur la plateforme. Une seule d’entre elles fit entendre un cri; elle laissa échapper un hurlement de douleur qui se comprend puisque les Devadasis sont supposées être vierges et que l’on imagine aisément la douleur que cause la déchirure de la membrane et l’écartement des organes par ce grand linga. Elle fut instantanément enlevée et le prêtre lui fendit la gorge avec un couteau ; il offrit le corps au seigneur Siva au pied de la plate-forme avec force apologies, tandis qu’un autre officiant plaçait une autre jeune fille frissonnante sur le symbole phallique encore ruisselant du sang de celle qui l’avait précédée. Ce ne fut que plus tard que j’appris par des recherches très discrètes que toutes celles qui profèrent un son pendant l’épreuve sont considérées comme indignes, qu’elles sont rejetées par le dieu et doivent être sacrifiées. Un hindou nie l’existence de cette cérémonie : Il est inutile de dire que ni mon ami ni moi n’allâmes prévenir la police ; notre vie n’aurait pas valu un anna si nous l’avions fait. De plus nous étions l’un et l’autre aux Indes depuis assez longtemps pour être convaincus que l’intervention du pouvoir séculier dans les rites hindous, quelques malheureuses qu’en aient été les conséquences, est parfaitement impuissante, puis je dois avouer que nous pensions que mieux valait la mort pour cette jeune fille que ce qui l’attendait comme prostituée de prêtres syphilitiques. »
Paul Dare, Magie blanche et magie noire aux Indes, (Payot), 1939, p 88-89.


Cher Pierre-Marie, pourrez-vous un jour nous éclairer sur un type qui s’appelle « Larané », un pseudo-historien sorti de nulle part un beau jour et qui parasite les ondes de plus en plus intensément? Il est homosexuel, consacre même une partie de « son » (?) site pseudo-historique au sujet, la tendance semble aller à la pédérastie si j’en crois un article qui fait l’éloge de la loi Forni de 1982 qui l’encense comme mettant fin à la « chasse aux sorcières » (sic)? Ca m’intéresserait d’en savoir plus sur ce louche individu qui me semble se rattacher, vu ses apparitions régulières dans cette sphère, à la ND d’AdB.
Bonjour, je connais pas le personnage, on me dit que c’est un sioniste qui participe à la revue hérodote. Voici un lien pour me contacter en privé : https://news.oddr.biz/contact-2.html