Sarah Halimi ou la récupération d’un drame de l’immigration et de la drogue – FX Rochette

Article publié dans RIVAROL numéro 3468, 21 avril 2021

Traore Sarah Halimi Goldnadel Habib Sionisme
Les lumières sont-elles sur le point de s’éteindre depuis les instances de base jusqu’au plus haut échelon de la hiérarchie judiciaire française, dans quel état sera notre République, et dans quel État vivrons-nous lorsque, après les ténèbres, ces lumières s’allumeront à nouveau ? Car elles s’allumeront à nouveau un jour, je ne veux pas perdre foi en notre humanité ni en notre nation.

Le Grand Rabbin Korsia, à propos de l’affaire Halimi.

LE 4 AVRIL 2017, rappelez-vous, Kobili Traoré, jeune allogène déséquilibré d’origine malienne de 27 ans, toxicomane cannabinomane, escalade le balcon d’une voisine à Belleville après avoir fumé sans pause 15 joints de gros calibre. Depuis 48 heures, l’homme exotique avait, selon les dires du voisinage, de certaines connaissances et de la famille, changé de comportement et était devenu “paranoïaque”.

Traore Sarah Halimi Goldnadel Habib Sionisme

Las, à la suite d’une énième dispute avec sa mère, ledit Traoré se réfugie chez des voisins dans un appartement mitoyen puis ne voulant revenir sur ses pas par crainte de tomber nez à nez sur sa mère, il escalade donc le balcon de madame Sarah Halimi qu’il connaissait depuis plus de 10 ans et lui demande d’appeler la police.

Traoré la voit soudainement comme un ennemi mortel à l’instar de tous les individus rencontrés en ce jour, puis, se considérant pris au piège dans son délire, la frappe, la frappe encore et encore avant de la jeter par dessus le balcon comme une vulgaire poupée de cire, poupée de son. La chute est fatale. L’exogène Traoré est appréhendé, diagnostiqué psychotique et hospitalisé d’office. Il est toujours enfermé, entre quatre murs capitonnés, quatre ans plus tard. Mais voilà, comme nous le savons et comme le savaient Traoré et tous ses voisins, Sarah Halimi était juive ! Et c’est là que le bât blesse.

CE MALIEN EST-IL UN FOU LUCIDE ?

Elle était juive et elle était, par conséquent, une victime de l’antisémitisme. Son patronyme Halimi l’attestait, le prouvait. La communauté, qui a déjà tant souffert, les livres d’histoire en faisant foi, en est convaincue ou fait mine d’en être convaincue : Traoré ne peut pas être fou puisqu’il serait antisémite. Tel est finalement l’argument principal de la communauté en faveur de l’établissement du statut d’assassin du criminel.

Problème inextricable auquel est confrontée la Justice pressée par la communauté experte en victimisation : l’antisémitisme supposé du forcené, improuvable nonobstant, peut-il être pris en considération pour le juger (il s’agit d’une circonstance aggravante incommensurable, rappelons-le) ? Si l’étranger Traoré a tué la malheureuse Halimi dans un état d’altération mentale, peut-elle encore, cette Justice, retenir à son encontre la circonstance “très” aggravante d’antisémitisme ? Si Traoré avait tué par antisémitisme, n’aurait-il pas nécessairement prémédité son crime ? Et il aurait donc, dans cette configuration, traversé plusieurs appartements, se serait agité en pleine danse de SaintGuy, en discutant et en criant, en essayant de s’en prendre à d’autres Maliens qui se barricadèrent pour sauver leur peau, en hurlant, enragé, ici et là, dans le but d’assassiner Madame Halimi ! C’aurait été en effet une façon étrange d’assassiner quelqu’un.

L’antisémitisme présumé (par la communauté) aurait-il rendu fou Traoré ? Tel n’est pas le propos de la communauté victimisée. Pour elle, Traoré n’est pas fou mais rempli de haine à cause de l’Islam et de l’antisémitisme. En revanche, ni la communauté, ni la Justice, ne demande d’explication quant aux effets des drogues sur le criminel. Pourquoi, en effet, un hypothétique soupçon d’antisémitisme primerait-il sur l’argument de l’influence prouvée de la drogue sur ce jeune homme déraciné et déséquilibré ? Et quand bien même ce jeune homme qui ne passe pas pour un idéologue, un militant ou un intellectuel, était antisémite, rien ne prouverait qu’il aurait tué sous l’empire de cette passion tant le déroulement du crime relève de l’évidente folie.

Oui, le crime est atroce, le fruit d’une barbarie inouïe, une monstruosité absolue. Une brutalité qui n’a cependant rien d’idéologique dans sa motivation. Et pourtant, les dirigeants de la communauté et leurs affidés se moquent bien des analyses, de la réflexion, de la réalité. Ils veulent être au centre du fait divers pour en faire une affaire. C’est une profession.

LES DÉBUTS D’UNE EXPLOITATION MÉDIATIQUE

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Quelques semaines après le drame, à la fin du printemps 2017, une minuscule fraction de la communauté porteuse de l’Indicible s’est mise à organiser des marches de rue pour condamner « cet acte d’antisémitisme “évident” ». Devenait évident ce qui ne le fut pas du tout pendant un mois et demi. Le meurtre d’une femme juive (esseulée) par un non-juif était soudainement postulé comme étant un assassinat à teneur antisémite, de nature islamiste en l’occurrence. Les manifestations de colère irrépressible des juifs victimisés se sont progressivement intensifiées. Non parce qu’elles regroupaient de plus en plus de monde, la communauté de l’Indicible étant difficilement extensible, mais parce que les slogans devenaient de plus en plus violents et explicites. L’agitation avait débuté par une marche blanche mais le naturel est revenu au galop. Les regroupements suivants ont rassemblé des militants comparant l’affaire qu’ils entendaient créer de toutes pièces à l’Affaire Dreyfus ! Quand on connaît les conséquences néfastes de cette sombre affaire mais surtout ce que certains historiens ont appelé la révolution dreyfusienne, il est légitime de s’inquiéter de ce genre de récupération idéologico-politique fort bruyante (où l’on entendit notamment comme slogans : « Affaire Dreyfus, le sang en plus », « Souvenons-nous de Varsovie », ou encore « Crif, écoute ton peuple, pas de masque sur l’antisémitisme » — ici, une étrange prophétie).

Le 1er juin 2017, 17 intellectuels avaient signé une tribune dans le « Figaro Monsieur Bloch » dans laquelle ils affirmaient que le crime de Traoré est “nettement” antisémite et demandaient que la Justice prît en considération cet élément essentiel selon eux. Parmi ces intellectuels, on retrouvait l’hystérique Alain Finkielkraut, le moisi Michel Onfray, la milliardaire Elisabeth Badinter, ou encore le ridicule Pascal Bruckner. Après la publication de cette tribune dans le journal de Mister Bloch, pendant des semaines, il ne se passa plus un jour sans qu’un tâcheron du monde des lettres et du Talmud ne ponde son avis sans surprise sur le sujet.

La Justice avait mis en examen pour homicide volontaire le Malien fou furieux Traoré le 12 juillet, mais l’impudente Thémis avait oublié d’inscrire à son dossier la mention d’antisémitisme tant attendue par les fils de Caïn qui, par conséquent, ne se calmèrent pas.

UNE VICTIMISATION AU SERVICE DE SION ?

Les professionnels de Sion construisaient pierre après pierre leur nouvelle affaire. Pour s’en convaincre, il suffisait de connaître l’identité des deux lascars qui avaient ouvert la tribune qui affirmait le caractère antisémite de ce fait divers (ainsi transformé en affaire). Il s’agissait d’Alexandre Devecchio et de Naomi Hal. Le premier est un jeune journaliste d’à peine trente ans qui est responsable du Figaro Vox que les naïfs néo-patriotes considèrent comme un organe d’expression droitier voire réac et l’ont en sympathie. Alexandre Devecchio a fait ses armes à Atlantico. Pour ce dernier, la jeunesse passe progressivement de Dieudonné à Eric Zemmour.

Le second était une femme de 27 ans ressemblant à une bimbo, une certaine Naomi Halioua qui est née à… Jérusalem et qui passe ses vacances au bord d’une piscine à Tel Aviv en écoutant des mélodies hébraïques (elle en est fière, notre patriote française plus patriote que Drumont, Maurras et Jeanne d’Arc réunis…). Cette femme a pour fonction (apparemment bien rémunérée) de faire basculer les jeunes patriotes en colère dans le camp du néo-patriotisme, vaguement identitaire (l’inverti est pour ces gens un symbole de l’Occident vainqueur de l’obscurantisme, il faut le savoir !) et surtout sioniste et philosémite à tout prix. Mais elle est blanche, ce qui suffit à son bonheur…

On assistait à un spectacle vulgaire animé par des radasses et des cancrelats laminant le véritable patriotisme sur l’autel des intérêts de minorités qui n’ont rien de français, absolument rien. Cependant, devant l’inlassable folie du meurtrier, certifiée encore et encore par des experts a priori non nazis, la Justice ne pouvait que se résoudre à ne pas le juger mais à le placer dans un hôpital psychiatrique sécurisé.

Si, au début de cette affaire montée en épingle, il était évident que l’agitation orchestrée autour d’une opération de victimisation juive, servait à faire oublier en France, dans le monde francophone et dans une partie de l’Occident, la répression terrible menée par l’entité sioniste contre les acteurs de l’Intifada de 2017, dite Intifada Al-Quds, le sujet fut par la suite exploité à des moments précis suivant l’actualité sioniste. A chaque fois que Tsahal allait taper dur sur les Palestiniens, par le plus grand des hasards, l’antisémitisme prétendument inhérent à ce meurtre redevenait un thème brûlant sur la scène médiatique et les postillons massifs de Goldnadel empuantissaient les projecteurs fumants de la TNT. Seule la crise covidesque a pu interrompre, comme elle a interrompu presque tout, ces manœuvres.

LES RÉACTIONS DE L’AXE HABIB-GOLDNADEL

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Tout le monde savait très bien que la Cour de Cassation allait en ce début de mois d’avril confirmer la décision de la Cour d’Appel qui, à la fin de l’année 2019, avait conclu à l’irresponsabilité pénale du meurtrier. Il était impossible qu’il en fût autrement. Les avocats des “proches” de Sarah Halimi ne pouvaient raisonnablement espérer que les juges piétinassent le principe d’irresponsabilité pénale. Tout le monde le savait, et même le goy philosémite Philippe Bilger n’a pu s’empêcher durant toute cette affaire artificiellement créée d’écrire et de déclarer, à plusieurs reprises, que les souhaits de « son ami Goldnadel » étaient délirants, impossibles.

Ce dernier, le lieutenant de Benjamin Netanyahu pour la France, l’ubiquiste Goldnadel (qui s’est récemment illustré, par ailleurs, pour avoir défendu son camarade Alain Finkielkraut en utilisant les mêmes arguments dans l’affaire Duhamel où le philosophe azimuté entend relativiser la pédomanie du politologue déchu), lui, a carrément pété un plomb, le 15 avril, à la suite de cette décision de la Cour de Cassation :

« La Justice a mal traité ce dossier. Je constate que lorsqu’il s’agit d’antisémitisme islamique, par une sorte de déni idéologique, le sort des victimes passe après l’obséquiosité avec laquelle on traite les soi-disant nouveaux damnés de la terre. Je n’ai pas d’autres explications empiriques. La juge d’instruction a toujours refusé de recevoir les avocats de la famille Halimi, a refusé la reconstitution du crime alors même que la défense était d’accord. J’attends que l’un de mes confrères soulève la jurisprudence Halimi lorsque l’un de ses clients, pris de delirium tremens alcoolique, écrasera des enfants sur un passage piéton… »

Car, selon lui, le message envoyé, qui risque d’être entendu comme cela, est :

« Si vous voulez tuer quelqu’un, fumez un joint ou buvez un verre et ça passe… »

Mais, attention,

« ce qui est entendu par une grande partie de la communauté juive, c’est que la justice est rarement au rendez-vous. Sans être paranoïaque, je constate que quand je défends un rabbin, président de l’association d’amitié judéo- musulmane, battu en sortant de la synagogue, le procureur d’Évry m’explique que ce n’est pas de l’antisémitisme. Lorsqu’un autre sort de la synagogue et est pris à partie par des Maghrébins, ce n’est pas non plus de l’antisémitisme ! Les assassins de la rue des Rosiers (qui sont-ils ?) coulent des jours tranquilles à l’étranger sans que la France ne se préoccupe de les faire venir. Le principal suspect de l’attentat de la rue Copernic est reparti tranquillement au Canada. On n’est pas près de le revoir. »

 

Meyer Habib, l’inénarrable député français de l’étranger au patriotisme flamboyant, a également mimé une grosse colère et s’est invité pendant une heure chez Bolloré-Hanouna dans TPMP, l’émission préférée de la communauté trisomique.

On frise le génie. Et pendant ce temps, hasard tragique, Tsahal bombardait, comme jamais depuis plus d’un an, la petite bande exsangue, Gaza, que ne souffre plus le peuple éternellement persécuté et moralement infaillible, célébrant ainsi dignement Yom Haʿatzmaout (hébreu : םוי תואמצעה Jour de l’Indépendance), la fête nationale qui tombait, cette année, le 15 avril…

François-Xavier ROCHETTE.

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