L’anti-sionisme est-il devenu un super antisémitisme – FX Rochette

Matzneff Bergé Girard Barzach
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Rivarol Memri Antisémitisme Sionisme JuifMercredi 4 novembre, le directeur de RIVAROL Jérôme Bourbon faisait son retour devant les salariés de Thémis de la 17ème Chambre pour des propos écrits il y a deux ans sur Twitter et pour une vidéo diffusée sur YouTube il y a de nombreux mois. Déjà bien connu des vigilants républicains, des associations communautaires et de notre bonne Justice, Jérôme Bourbon partait avec un lourd handicap, les accusations foudroyantes d’antisémitisme à son encontre lui donnant le plus beau profil de l’homme condamné avant même d’être jugé. Encore des amendes pour des mots qui ne respectent pas la doxa, encore des condamnations pour des critiques interdites, pour des opinions qui ne doivent pas exister.

Mais les sentences du tribunal jugeant plusieurs faits, plusieurs mots interdits, attestent du durcissement des sanctions décidées par la Justice à l’égard des émetteurs d’assertions critiques faites à l’endroit d’Israël. On assiste en effet à la transformation progressive du droit spécialisé dans la répression de l’antisémitisme après de longues années de « débats » intellectuels orchestrés autour de la pertinence d’assimiler l’antisionisme à de l’antisémitisme, et même à un super antisémitisme. Nous sommes arrivés, semble-t-il, avec le dernier jugement subi par Jérôme Bourbon, condamné à trois mois de prison avec sursis pour avoir critiqué l’entité sioniste, à un point de bascule.

Pour la première fois, derrière des arguties juridiques, un journaliste est condamné plus sévèrement pour avoir fait preuve d’antisionisme (considéré évidemment par nos juges comme un prétexte permettant d’insulter les Juifs du monde entier, ce qui est faux) que de judéoscepticisme appelé sans nuance, toujours, antisémitisme par ceux qui jugent, condamnent et punissent.

Cette condamnation est d’autant plus symbolique et annonciatrice d’une sévérité toujours plus forte à l’égard des contempteurs de Sion qu’elle touche un Jérôme Bourbon qui intervenait à chaud immédiatement après avoir appris que, le 14 mai 2018, Tsahal avait abattu 60 Palestiniens qui s’approchaient de trop près de la frontière entre Israël et la bande de gaza ghettoïsée en en blessant irrémédiablement des centaines d’autres. Le tribunal estimant que “si les propos liminaires constituent une virulente critique de la politique israélienne, ils sont ensuite étendus à l’ensemble de la communauté juive” qui ‘règne sur le monde entier’ en exerçant ‘une insupportable tyrannie’.

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“L’armée la plus morale au monde” +++RIP+++

Si Jérôme Bourbon ne pratique pas la langue de bois, il est évident que la brutalité de « l’armée la plus morale du monde » et le silence de nombreux responsables politiques un peu partout dans le monde ainsi que l’absence de critiques fortes de la journaillerie internationale devant un massacre commis froidement ont provoqué une réaction indignée de Jérôme Bourbon qui n’a pas hésité à insister sur la puissance indubitable des organisations sionistes internationales. Mais il n’existe pas de circonstances atténuantes pour les hommes qui appellent un chat un chat, on lui préfère le bâton. Ne manque plus que l’huile de ricin.

Les vœux de l’extrême-droite israélienne se concrétisent

Ce qui est remarquable ici, c’est que l’effort propagandiste produit par les intellectuels notoires travaillant pour les intérêts de l’impérialisme israélien se concrétise juridiquement. En France en particulier alors que la zone européenne est généralement moins soumise à ce diktat (la France est le seul pays européen qui a interdit l’appel au boycott des produits israéliens), et bien sûr aux Etats-Unis où les actions politiques sont menées non seulement contre les mouvances antisionistes mais aussi contre tout organisme venant en aide charitablement au peuple palestinien.

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Ainsi, (la proximité des élections expliquant certainement la diffusion de cette info), le 22 octobre dernier, le Jerusalem Post annonçait que le bureau américain chargé de surveiller et de combattre l’antisémitisme dirigé par Elan Carr allait, prochainement, officiellement, déclarer antisémites les groupes apparaissant comme trop palestiniens aux yeux de Trump (et de ses soutiens).

Quand on a appris quels étaient les groupes incriminés par l’administration Trump, on a immédiatement compris que ce n’était pas l’antisémitisme qui était combattu, pourchassé, traqué, mais tout soutien pro-palestinien, quel qu’il soit. Amnesty International, Human Right Watch et Oxfam, les principales organisations ciblées sont de gauche, souvent en pointe contre l’antisémitisme, certainement pas antisionistes mais coupables d’être publiquement critiques à l’égard de la politique du Likoud au pouvoir.

L’Index de NGO Monitor

C’est uniquement pour cette raison que Donald Trump entend les faire interdire sur le sol américain et faire en sorte qu’elles ne reçoivent plus aucune aide financière publique de n’importe quel Etat dans le monde (sous peine d’être accusé par les Etats-Unis d’antisémitisme!). Donald Trump ne fait pas là simplement un cadeau à Benjamin Netanyahou mais avance dans le sens du vent soufflé par toutes les officines ultra-sionistes, concrétise le travail idéologique et de propagande des partisans du Grand Israël. Derrière ce processus de diabolisation de tous les acteurs politiques et associatifs insuffisamment sionistes à leurs yeux se trouve une association très active dont le travail consiste à épingler toutes les structures dans le monde qui aident de près ou de loin les Palestiniens ou qui daignent critiquer la colonisation de la Cisjordanie. Cette association basée à Jérusalem s’appelle NGO Monitor. Fondée en 2002, elle se présente comme un institut de recherche internationalement reconnu « qui promeut les valeurs démocratiques et la bonne gouvernance ».

Sur son site, peut-on lire encore :

« Nous publions des recherches factuelles et des analyses indépendantes sur les organisations non gouvernementales (ONG), leurs bailleurs de fonds et autres parties prenantes, principalement dans le contexte du conflit israélo-arabe. »

(Source)

En réalité, NGO Monitor cible les associations qui nuisent à l’image d’Israël en communiquant sur la situation des Palestiniens. Dans un contexte où l’occupation israélienne se durcit, la colonisation s’accroît et les crimes de guerre se multiplient, le gouvernement israélien doit redoubler d’efforts pour blanchir son image, y compris en faisant taire les critiques. Il le fait notamment à travers des groupes dits indépendants mais en réalité liés au gouvernement et défendant son agenda politique, tels que NGO monitor. NGO Monitor postule tranquillement que les associations qui s’intéressent à ce qui se passe en Palestine, à la colonisation sauvage et désormais à la colonisation planifiée sont antisémites. La qualification qui tue. Quand l’étiquette d’antisémite est collée sur la figure d’un acteur politique ou associatif, celui-ci est fichu, hors jeu, il disparaît du jeu sans même avoir le temps de sortir du plateau : il se désintègre.

NGO Monitor n’est qu’une association parmi des centaines d’autres qui agissent sur le terrain de l’information et de la désinformation en démonisant les ennemis de la colonisation israélienne. Ces associations travaillent ainsi les opinions et les gouvernements, les populations et les représentants politiques sans qu’aucun de ces derniers n’ait quoi ce soit à dire, à répondre. Il faut avaler telle quelle la sale soupe mixée par les bonimenteurs communautaires.

A côté de NGO Monitor, on trouve la grande sœur MEMRI (en anglais Middle East Media Research Institute). MEMRI se présente comme une organisation non gouvernementale de surveillance des médias islamiques au Moyen-Orient. Mais, à l’occasion, MEMRI, qui sent l’ennemi comme le cochon la bonne truffe au pied du chêne, s’attaque à des media différents quand il estime qu’il a affaire à des sceptiques du sionisme. C’est ainsi que RIVAROL a du essuyer la colère de cette officine il y a tout juste un an en épinglant son directeur et votre serviteur, coupables d’atonie shoatique et de considérer l’affaire Epstein comme non exclusivement américaine.

Itzhak Shamir et Itzhak Rabin

Les méchantes organisations et les méchants media

L’objectif déclaré du MEMRI est de « combler le fossé linguistique entre le Moyen-Orient et l’Occident ». Certains critiques soutiennent que bien que se présentant comme neutre, il viserait à présenter le monde arabe et musulman sous un jour négatif en produisant et en diffusant des traductions incomplètes et en traduisant de manière sélective les points de vue des extrémistes tout en minimisant ou en ignorant les opinions dominantes. [Et en produisant un spectacle déplorable pour ridiculiser le monde arabo-musulman dans le monde entier -NDLR :]

L’Institut de recherche des médias du Moyen-Orient est fondé en février 1998 par Yigal Carmon, ancien colonel des services de renseignement israéliens pendant 22 ans, puis conseiller en contre-terrorisme des Premiers ministres israéliens Itzhak Shamir et Itzhak Rabin en collaboration avec la néoconservatrice israélo-américaine Meyrav Wurmser, épouse du conseiller de Dick Cheney, David Wurmser, et membre de l’exécutif politique néo-conservateur américain. Le siège de l’organisation se trouve à Washington, mais elle dispose de plusieurs bureaux à Jérusalem.

Vincent Cannistraro, ancien responsable du contre-espionnage à la CIA, décrit le MEMRI comme « des propagandistes au service de leur idéologie, qui se situe à l’extrême-droite du Likoud ». Brian Whitaker, rédacteur en chef pour le Moyen-Orient du journal The Guardian, dit de son côté que le MEMRI a pour but de promouvoir « l’agenda politique d’Israël ».

Le sionisme est une affaire mondiale, planétarienne. Ses soldats s’activent partout sur le globe et exigent des Etats du monde entier une loyauté envers elle. Dans le cas contraire, ces Etats sont condamnés à subir un harcèlement médiatique constant et des « opérations indignes » (pour parler comme Raymond Barre) fomentées par des officines expertes en la matière.

Beaucoup croit encore dur comme fer que la judéité d’un intervenant politique (ou de quiconque ayant vocation à diffuser un message) constitue l’ausweis nécessaire pour être autorisé à parler devant un micro, sur un plateau télé, ou d’écrire une tribune dans un grand journal. Cela n’est pas observable dans les faits. Celui qui est autorisé à s’exprimer et à s’exprimer longuement, régulièrement, parfois quotidiennement, n’est pas l’homme ou la femme d’origine juive mais l’individu sioniste, exclusivement sioniste, celui qui a fait allégeance au « projet », celui qui a fait preuve de sa loyauté antérieurement par quelques écrits ou quelques déclarations dépourvus de toute ambiguïté.

Les énormes figures juives d’hier, même issues de la résistance, du combat contre le fascisme, qui se sont faits un nom dans le microcosme intellectuel, ne disparaissent pas progressivement parce qu’elles vieillissent ou sont mortes mais parce qu’elles sont aujourd’hui complètement inadaptées aux intérêts sionistes. Les Stéphane Hessel, les Edgar Morin, les Pascal Boniface, et tant d’autres ne correspondent plus au logiciel idéologique imprimé, gravé, par l’intelligence sioniste.

Mais si le discours de gauche, socialiste, et le discours anti-impérialiste sont beaucoup moins présents aujourd’hui dans les media qu’il y a 20 ans, il a été remplacé par une sorte d’idéologie gauchiste parfaitement dégénérée avec des thématiques gonflées à l’hélium comme le véganisme, les théories du genre, l’homosexualisme, le féminisme radical etc. Ces thématiques sont autorisées par les nouveaux vigilants qui peuvent faire mine de les combattre pour leur donner une visibilité supplémentaire et alimenter encore et toujours les débats axés autour de celles-ci et saturer ainsi l’espace médiatique en commentant indéfiniment les outrances lesbianistes de l’une ou le sexisme de l’autre… Ces thématiques qui participent au pourrissement de la société servent aussi à distraire le bon peuple et à cette fraction de ce dernier qui s’intéresserait encore à la politique.

Itzhak Shamir et Itzhak Rabin
Une illustration huileuse avec Jean Messiha

Il y a un simple fait, apparemment anodin, qui révèle toute la magie du sionisme intégral : les invitations nombreuses (si nombreuses que beaucoup de spectateurs pensent qu’il est un chroniqueur professionnel de l’émission) de Jean Messiha, le dernier démissionnaire du RN, chez Hanouna. Cela révèle bien la suprématie d’une idée et d’une position sur toutes les autres. Jean Messiha promu par Hanouna ! Il faut avoir des œillères pour ne pas comprendre la place prise par un certain camp qui n’admet plus la moindre contradiction. Jean Messiha, caricature zemmourienne corporelle et ambulante, c’est ce zébulon qui loue les couvertures de Charlie Hebdo en commentant : La France, c’est ça !

Jean Messiha, c’est cet homme qui relaie les tweets de Tsahal au nom de la lutte contre l’islamisme ! Jean Messiha, c’est l’auteur de ce tweet écrit à la suite de la découverte de tags dans un fast food casher peinturluré par on ne sait qui, n’est-ce pas… :

Jean Messiha ? Pierre-André Taguieff l’a pensé, le Likoud l’a monté. Jean Messiha se distingue par sa volubilité et sa présence dans des émissions grand public. Mais il est la norme du produit que met sur le marché le Likoud, il est l’exemple à suivre pour tous les ambitieux, il est le patron à découper pour tous les mannequins BBR qui voudront réussir sur scène, sans y mourir comme Dalida.

François-Xavier Rochette.

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